Les fourberies du palais

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’était pas très enthousiaste, notre tailleur de haute couture pour expliquer le retour du poste de Premier ministre. Pour masquer le peu d’importance de cette jonglerie institutionnelle de son patron, il s’est évertué à nous faire la leçon sur « projet de loi du gouvernement ; censure du gouvernement par l’Assemblée ; possibilité pour le président de dissoudre » cette chambre d’enregistrement après deux ans et patati et patata…

Nous ne sommes quand même pas de cancres étudiants pour croire qu’une Assemblée de dealers de drogue, de trafiquants de faux billets et de faux passeports, et dont les membres se définissent comme les députés du président et non ceux du peuple, que donc cette Assemblée-là, censure le gouvernement. Que le président soit si peu intelligent pour dissoudre ses valets de chambres qui, non contents d’enregistrer tout ce qu’il leur propose sans vrai débats, vont même au-devant de ses désirs ; que donc, le président, dans une crise de démence (la seule raison) dissolve cette chambre ! Allons..

Les affidés et autres organes et commentateurs de connivence ont eu cette fois, la décence de faire le service minimum pour commenter la résurrection de la relique primatoriale. Parce qu’autrement, ils devraient nous expliquer où est passé le « Fast track » avec comme moteur « l’accélération de la cadence » des réformes du super-président, sans filtre, ni lenteurs ministérielles. La cadence est restée lourdement sénatoriale ; les projets marchent toujours au pas de tortue s’ils ne font pas désespérément du surplace. Les Ter, les Brt et autres emplois des jeunes annoncés en grandes pompes après la grande trouille de mars, milite pour le retour d’un fusible qui sautera à la première occasion pour protéger un chef incapable d’assumer les lenteurs de ses projets.

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Que donc, cette « piètre marionnette » (Premier ministre) reprenne du service, on s’en tape royalement. Qu’il puisse permettre au président de présider l’UA à défaut de son pays, est une idée saugrenue que certains veulent nous faire avaler. Un président de l’UA, n’est pas plus « busy ». Ce sont les techniciens et les commissions qui travaillent, les présidents après se congratulent dans les sommets, se confient leurs inquiétudes et trouilles sur l’avenir ; demandent conseils à ceux qui ont forcé pour le troisième mandat ; demandent des nouvelles des collègues « reposés » par des colonels qu’ils ont pourtant choyés. Voilà (en gros) les tâches d’un président (intérimaire, c’est par rotation, on se passe à tour de rôle le témoin) de l’UA…

On s’en fout donc du retour du fusible d’un présidentialisme envahissant. On refuse de se laisser distraire par une telle fourberie qui occulte les urgences du moment :

Que les préfets arrêtent leur allégeance si peu républicaine ;

Que la police s’approprie enfin sa devise : protéger et servir ;

Que notre justice veille à ce que la balance de leur profession reste vraiment au centre ;

Que les citoyens, forces politiques et sociales puissent jouir des droits que leur reconnaisse la Constitution : marcher, manifester, courir, palabrer dans la rue, bref, libérer son trop-plein de colère (ou de joie, rarement il est vrai) en réclamant la jouissance de ses droits. De tous ses droits ;

Que les citoyens puissent, le 23 janvier, choisir librement leurs maires et autres conseillers. Et qu’avant cela, ils puissent entendre ce qu’ont à leur dire ceux et celles qui sollicitent leurs suffrages…  En un mot comme en mille, que notre République retrouve ses deux béquilles. Qu’elle arrête de marcher sur la tête.

Alors seulement, il n’y aura plus, ou si peu, de violence. Ce chiffon rouge qu’on agite à tout bout de champ.

 

Demba Ndiaye