Les boulangers posent leurs conditions pour éviter une hause
La Fédération nationale des boulangers du Sénégal a fait face à la presse, ce mardi, pour aborder, entre autres questions, la situation catastrophique du secteur avec la hausse des intrants, de l’électricité, du diesel, la non-application de la règlementation et ses conséquences sur le prix et le poids du pain, la solution alternative et urgente pour atténuer cette crise, etc.
S’exprimant à cette occasion, le président Amadou Gaye a déclaré que : « depuis plusieurs années, le secteur de la boulangerie traverse des difficultés de divers ordres qui entravent sa croissance au profit d’un pan incontrôlable de l’informel.
Conscient de l’impact économique et social de ce secteur stratégique dans le développement du pays, la FNBS et la RBS, entendent prévenir toute crise qui pourrait discréditer durablement la profession. Durant cette année 2023, nous avons rencontré à plusieurs reprises le ministre du Commerce et ses services pour trouver des solutions sur les hausses inexpliquées des intrants qui intensifient le problème des boulangers. Nous témoignons ici la ferme volonté du ministre du Commerce à travers la direction du Commerce intérieur de nous trouver des solutions. Mais les boulangers ne peuvent pas attendre longtemps. Les solutions doivent provenir maintenant au plus haut niveau ».
Par rapport aux hausses inexpliquées, il a parlé de la levure et les améliorants qui ont fortement augmenté (exemple pour la levure de 20 000 F le carton en juin 2019, on est à 30 000 F aujourd’hui, voir plus pour certaines marques), le gasoil qui a connu une forte hausse de 100 F le 09 janvier 2023, et des intrants comme le sel iodé ont subi aussi une hausse, sans compter le papier. « Et pourtant , malgré toutes ces hausses la FNBS et le RBS, conscients de la souffrance de la population sur la hausse des prix généralisée, continuaient toujours de trouver des alternatives avec les autorités. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la hausse inexpliquée et inexplicable de l’électricité. Autant sur les factures et surtout le Woyofal. Mais aussi, nous avons une incompréhension avec le ministère du Commerce sur la méthode de contrôle du poids du pain qui, en ce moment, engendre des amendes salées aux boulangers », indique Amadou Gaye.
Parlant de la méthode de l’UEMOA inapplicable sur le pain qui est une matière vivante, il a soutenu que nous constatons simplement une application sélective au détriment des boulangers. « Nous constatons que la réglementation n’est pas appliquée. Peut être difficile à appliquer. Et pourtant, c’était une promesse ferme des autorités pour un gel de notre revendication principale ; à savoir la vérité des prix. Le contexte économique l’exige aujourd’hui.
Cette anarchie dans le secteur doit cesser et nous appelons à la responsabilité de l’Etat. Cette bataille doit être le combat des consommateurs aussi, est-ce que vous voulez que les normes d’hygiène de fabrication et de livraison changent ? Est-ce que vous voulez un pain de qualité ? Mais un pain de qualité a un prix. Nous ne pouvons plus tolérer cette anarchie qui profitent à certains acteurs qui font une concurrence déloyale aux artisans boulangers qui sont aux normes ».
Ainsi, les boulangers demandent solennellement au président de la République d’atténuer la souffrance des boulangers et veiller à l’application et à l’applicabilité des dispositions du décret et des arrêtés, en donnant des instructions fermes aux ministères concernés (Intérieur, Forces armées, Commerce, etc.). « Comme vous le constatez, le secteur est déjà en difficulté, alors pourquoi, on veut nous asphyxier encore avec l’augmentation du prix de l’électricité, la cherté de l’eau, la hausse des salaires ? Si le gouvernement pense qu’il est dans l’incapacité d’assurer la survie de notre secteur, nous exigeons dans ce cas :
• La convocation des conseils régionaux pour une révision du prix et poids du pain. Nous solliciterons une hausse minimum de 50 F sur la baguette standard • De trouver des leviers pour la baisse du prix de l’électricité, car le pain est un produit social. Nous devons avoir une tarification spécifique sur le woyofal (Pas de 1er ou 2ie ou 3ie tranches), et la suspension de la tva sur nos factures d’électricité en attendant de trouver des solutions. Expliquer que certaines boulangeries qui sont au réel ne peuvent pas faire de déduction de la tva avec woyofal ;
• De procéder à la baisse des droits de douane sur la levure et les améliorants qui ont occasionnés la hausse vertigineuse de ces intrants.
• D’annuler la méthode de pesée du pain dans nos boulangeries qui n’est pas conforme ; car le pain est une matière vivante • Le respect de la réglementation du décret 2277 du 31 décembre 2019 ( De cesser de donner des dérogations sans motivation pour les ouvertures de boulangeries , d’arrêter la vente du pain dans les boutiques et la livraison par les pousses- pousses, etc.) », a-t-il dit. Avant d’enchaîner : « Sitôt, la Conférence de Presse terminée, la Fédération Nationale des Boulangers du Sénégal et Le regroupement des Boulangers du Sénégal, entreront en conclave avec les différents responsables régionaux, afin de statuer sur la conduite à suivre si les autorités ne répondent pas à temps à nos revendications. Un mot d’ordre sanctionnera la fin des travaux. Toutes les options sont à prévoir ».