Le faussaire C. Gaye perdu par une trentaine de plaintes portant sur plus de 150 millions de Fcfa de préjudice.
Un redoutable réseau de trafic de visas, dont l’envergure est à la dimension du préjudice financier( plus de 150 millions de Fcfa) et au nombre bien élastique de victimes ( une trentaine identifiée), a été mis hors d’état de nuire la semaine dernière. A la tête de cette vaste mafia parfaitement structurée, C. Gaye opérait avec un staff de six acolytes, élargi à une dizaine de collaborateurs majoritairement composés de démarcheurs. Ils sont tombés à la suite de plaintes déposées par une trentaine de victimes sur la table des limiers de la division nationale de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées(Dnlt). Ces policiers, également spécialisés dans la lutte contre la traite de personnes, ont choisi de décapiter cette mafia en mettant d’abord le grappin sur le cerveau, cueilli à la frontière guinéenne, pour ensuite remonter la chaîne de complicité. Finalement, C. Gaye et quatre de ses acolytes ont été cueillis. Six présumés complices en cavale, dont un certain Badji « officiant à l’ambassade du Canada» , sont activement recherchés. Ils faut d’emblée souligner que le cerveau de cette mafia du trafic de visas Canadiens, C. Gaye, n’est pas un néophyte dans ce business lucratif, comme il l’a su reste confessé aux limiers. Ofiiciant dans ce millieu depuis les années 2000, C.Gaye à D’abord fait ses marques dans la filière du trafic de visas « Schengen», avant de jeter son dévolu sur le lucratif trafic du précieux sésame canadien. Ici, faut-il le rappeler, le candidat est contraint de débourser pas moins de 5 millions Fcfa. Rompu à cette pratique délictuelle, C. Gaye prend vite ses marques et consolide on portefeuille clients.
Recherché par la police et la Section de recherches, C. Gaye arrêté à la frontière guinéenne
Fin 2019, avec l’avénement de la Covid-19, Son business est grippé, alors que le faussaire en chef avait fini d’empocher de faramineuses sommes versées par les candidats. Alerte, il transforme le dilemme en ruse pour calmer ces clients qui menaçaient d’ester en justice. A ces derniers, il oppose l’argument des restrictions sur les déplacements, ponctués par la fermeture des aéroports. C. Gaye qui a plus d’une corde à son arc, tente une ultime pirouette pour ferrer ses clients irrités. Il confectionne de faux stickers- visas du Canada qu’il transfère aux candidats au voyage, en leur assurant que la date du départ pour le Canada est imminente. Seulement, trois parmi ces candidats qui avaient déboursé 14 millions de francs Cfa, décèlent la supercherie et saisissent les limiers de la Dnlt de trois plaintes distinctes.
Exploitant ces récriminations, le commissaire Faye met en branle ses hommes. La mission est claire: Démanteler cette mafia. L’enquête révèle que le cerveau de ce trafic, C. Gaye, logeait à la cité Keur Gorgui. Maître dans l’art de surveiller ses arrières, Gaye comprend très vite que la police est à ses trousses. Il embarque illico-presto dans un véhicule. Direction, la Guinée Conakry qu’il choisit de rallier par la route. Il manquera de peu de parvenir à ses fins, puisqu’il sera arrêté, jeudi dernier, à la frontière qui avait reçu l’avis de recherche et le portrait-robot du faussaire fugitif. Il est reconduit de suite à Dakar, dans les locaux de la Dnlt.
Une montagne de faux visas, faux tests et carnets de vaccination Covid-19 saisis
Pour limiter les marges de manœuvres de C. Gaye, le commissaire Faye procède à la perquisition de son appartement à la cité Keur Gorgui. Sur place, une montagne de faux documents( passeports dotés de faux visas du Canada, faux tests Covid-19, faux carnets de vaccination du Covid-19…) Confronté à ces pièces à conviction. C. Gaye choisit de ne pas tomber seul. Il balance un dizaine d’acolytes, dont quatre seront appréhendés. Il s’agit des démarcheurs, Y. Faye, P. Mboup, D. Sidibé et un certain Démbélé. Informés du démantèlement de ce réseau, plus de trente victimes vont se présenter aux limiers de la Dnlt pour se constituer partie civile ou pour formuler une plainte. Confronté à chacune de ces plaintes, C. Gaye avoue avoir reçu de chaque victime la somme de 5,5millions de Fcfa, soit un pactole de plus de 165 millions de francs. Loquace, C. Gaye assure avoir personnellement empoché 100 millions de Fcfa, précisant que les montants restants ont été dispatchés entre le vieux Badji qu’il représente comme «un employé à l’ambassade du Canada » et les démarcheurs qui percevaient entre 100 et 500.000 Fcfa.
Révélation sur une redoutable unité de confection du faux
La poursuite des investigations a permis aux hommes du commissaire Faye de mettre à nu l’ingéniosité des membres de cette mafia qui avaient mis en place une unité de confection de faux documents de voyage. Selon C.Gaye, il avait une parfaite répartition des tâches. Le vieux Badji et fameux employé à l’ambassade du Canada avait pour charge, la confection des faux sticker- visa. La fonction assignée à Dembélé était la confection des faux tests Covid-19 et faux carnets de vaccination Covid-19. C.Gaye chargeait de transmettre au vieux Badji, les documents des candidats au voyage pour démarchés par les intermédiaires, dont six sont activement recherchés. Placés en garde à vue pour association de malfaiteurs, trafic de visa par voie aérienne, faux usage de faux… C. Gaye et sa bande ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt après avoir été déférés au parquet du tribunal de grande instance de Dakar
04/11/2021] Ndey Khady Ngom