Le directeur du Cesti aux journalistes contre un 3e mandat : « Ils doivent assumer les conséquences… »
Le rôle du journaliste est d’être également une sentinelle de la démocratie. Déjà en 2000 des journalistes connus et reconnus aujourd’hui ont œuvré pour la consolidation de la démocratie au Sénégal.
Il y a quelques jours une tribune a été signée aujourd’hui par environ 150 journalistes. « Il faut dire que le journaliste en tant qu’acteur de la société peut avoir une opinion, mais dans le domaine et dans le contexte actuel du Sénégal si des journalistes se réunissent et sortent une tribune pour un projet qui n’est pas encore clairement défini ou affirmé, je pense qu’à partir de là ils ont le droit d’avoir une opinion, mais ils doivent se dire qu’à partir de maintenant ils doivent se mettre en réserve du traitement de l’information politique pour garder leur crédibilité», a expliqué le directeur du Cesti. Mamadou Ndiaye était l’invité du jury du dimanche sur emedia. « Dans le cadre de leur métier, pour leur crédibilité, ils ne peuvent plus traiter une information politique. Ce, jusqu’à la clarification de ce point-là», dit-il.
À l’en croire, ces journalistes n’ont pas enfreint les règles d’éthique et de déontologie. « Ils peuvent donner une opinion, mais ce qui organise le métier du journalisme c’est d’abord et avant tout l’équilibre. Nous sommes dans un contexte difficile au Sénégal et ils se sont dits, peut-être, que leur rôle est d’alerter, de sensibiliser pour que le Sénégal n’aille pas vers le chao. Il y a aussi le principe de responsabilité pour un journaliste. Parce que ce sont des journalistes respectables qui ont signé cette pétition. Ils ont chacun parmi ces 150 personnes ou plus, une bonne raison de signer ce document. À mon avis ce n’est pas une faute déontologique, mais on ne peut pas engager une action et ne peut en assumer les conséquences » dit-il.
Les conséquences de cette signature-là sont de se mettre en réserve sur les questions politiques et notamment sur les questions liées au mandat pour être crédible dit-il. «Déjà, tout le monde connaît le point de vue et la position de ces journalistes. Le journaliste doit rester neutre dans certains contextes. Vous voyez dans beaucoup de pays des journalistes prendre des positions. En tant qu’élément de la société un journaliste qui est un intellectuel peut aussi sur certaines situations dire voilà ma position sur cette question. Ils se sont réunis pour être beaucoup plus audibles. Ils ont eu une opinion et moi je ne les condamnerais pas pour avoir signé une tribune, mais ils doivent assumer les conséquences » ajoute Mamadou Ndiaye.
Sur sa position personnelle sur la troisième candidature du Chef de l’État, il dira : «Si on analyse le discours du président sur le 3e mandat, on se rend compte qu’il y a toujours le flou. Mais, on voit quand même des références qui peuvent penser qu’il va prendre telle ou telle décision par rapport à cette question. Mais moi, j’ai comme viatique par rapport à mon métier, je ne peux pas réfléchir sur des conjectures. Le principal concerné a dit qu’il va s’exprimer sur cette question. Jusqu’à preuve du contraire, je retiens ce qu’il a dit en 2016 et précédemment en 2019. Donc, je reste à son écoute, mais je sens dans son discours qu’on peut arriver à une situation apaisante pour le Sénégal.»