La NFL tente un « touch down » en Afrique.

« Êtes-vous prêt !? ». Plus qu’un slogan, une annonce forte. Le 6 septembre dernier, la NFL a marqué le lancement de ses pages NFL Africa officielles sur Instagram et sur Twitter avec un clip d’une minute sur fond d’Afrobeat, en montrant un montage des meilleures actions des joueurs d’origine africaine déjà présents dans la ligue et de jeunes ballons à la main dans divers endroits du continent.

La meilleure ligue de foot US du monde ne s’en cache pas et via cette vaste opération de communication, affiche ses futures ambitions : poser les deux pieds sur le continent africain. Pour John Herchen, directeur du développement de la ligue à l’international, les bases sont posées pour avancer sur un projet solide.

Des camps de recrutement sur le continent

« Cela fait plusieurs années que l’on travaille sur le sujet, mais on en parle publiquement depuis peu et cette opération de communication est seulement une petite partie visible de l’iceberg », souligne-t-il, avant d’ajouter que « au-delà du travail sur la communication, on travaille aussi sur le terrain, et étant focus sur le fait de faire connaître le sport sur le continent mais aussi développer des programmes de formation et de recrutement ». À titre d’exemple, des camps de recrutement sur le continent appelés aussi « Combines » (ndlr : des journées de recrutement pour les sports US), des opérations d’initiations à ce sport, mais aussi des projets de développement basés sur la santé et l’éducation via la pratique du football américain sont dans les tuyaux pour les prochains mois, toujours selon Herchen. « Nous sommes environ 30 personnes à travailler sur ce sujet à la ligue, et pour vous donner un exemple, le NFL International Combine, réalisé à Londres au mois d’octobre, aurait dû l’être en Afrique, mais le contexte sanitaire nous a forcé à le relocaliser en Europe. C’est seulement en avant-goût de ce que l’on veut faire sur le continent », précise-t-il.

Plusieurs pays sont dans le viseur de la NFL pour une première phase qui devrait démarrer en janvier 2022, comme le Nigeria, qui compte une vingtaine de joueurs ayant un lien avec le pays déjà présent dans la ligue, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, mais aussi l’Afrique du Sud, pour son « histoire et son vivier au niveau du rugby, dont le tremplin possible pour le football américain est un énorme avantage » selon Joe Smith Jr., scout pour les New York Jets, qui fait partie de l’aventure de la NFL Afrique. Il fait déjà des voyages en Afrique à la recherche de la perle rare, pour le compte de la franchise de la Grosse Pomme. « Bien sûr que le travail réalisé par la NBA, nous inspire, et nous aide à avancer sur le continent Africain, car l’expertise de la ligue de basketball est unique, avant-gardiste pour les sports US », affirme-t-il, avant d’ajouter que « les joueurs africains peuvent garnir les rangs de nos franchises, et je ne serais pas étonné de voir des dizaines et des dizaines d’entre eux être drafté en NFL chaque saison dans les 3,4 ans à venir. Le potentiel est tellement énorme, le challenge est hyper excitant ».

Développer la pratique du football américain et s’appuyer sur les forces en présence

Malgré le fait que le football américain fait figure de quasi-inconnu sur le continent, la NFL n’a pas de doutes à l’heure de sortir le chéquier dans le développement de la pratique et de la marque en Afrique. En termes de jeu, qui constitue le premier palier du projet, les cadres de la ligue, soutenu par plusieurs directeurs sportifs de franchise, sont sereins.

« Le football américain est un sport intense, mais ce n’est pas un sport où il faut avoir appris à jouer depuis 10 ans pour pouvoir être compétitif », affirme Dave Gettlemen, le président des opérations football et directeur sportif des New York Giants. « Il y a beaucoup d’exemples de joueurs dans la ligue qui ont joué au basket ou à un autre sport et qui se sont tournés vers le football américain à 16 ou 17 ans, et qui ont beaucoup de succès dans leur carrière. Je pense qu’avec la présence du rugby dans plusieurs pays africains et l’envie, mais aussi la curiosité, de dizaines de milliers de jeunes de vouloir essayer un autre sport que le soccer (football) pour en faire leur métier sont un grand nombre d’éléments qui vont dans le sens de notre initiative d’aller nous développer sur le continent. Le tremplin entre l’athlétisme, le rugby et le football vers le football américain est assez simple si je puis dire. Je pense qu’en bossant bien, on peut aider beaucoup, beaucoup de joueurs à devenir des professionnels en NFL et ces mêmes jeunes vont inspirer la jeunesse du continent. J’en suis persuadé ».

À la recherche d’ambassadeurs

Pour donner encore plus d’impact au projet, la ligue s’entoure également de plusieurs actuels ou anciens joueurs d’origine africaine, qui seront vraisemblablement amenés à devenir des ambassadeurs du développement de la NFL en Afrique, à l’image d’un Gorgui Dieng ou d’un Joël Embiid pour la NBA. La création d’une probable NFL Academy (au Nigeria ou en Afrique du Sud) est dans les tuyaux, et deux joueurs, Ndamukong Suh, le joueur d’origine camerounaise des Tampa Bay Bucaneers et Jay Ajayi, né à Londres de parents nigérians, désormais retraités, mais ancien cadre des Philadelphie Eagles, sont déjà impliqués dans le projet.

Pour Ndamukong Suh, une partie de l’avenir de la NFL est en Afrique. « Je suis tellement heureux quand chaque semaine, je croise un frère africain, mais aussi de voir de plus en plus de gars africains ou d’origine africaine arriver dans la ligue », sourit-il, avant d’avouer qu’il « souhaite s’impliquer de plus en plus dans le projet de NFL Africa ». Et d’ajouter : « En ayant déjà réalisé quelques visites au Cameroun, je me rends compte du potentiel de fou qu’il y a là-bas et dans le reste du continent. Je me souviens être passé dans plusieurs rues de Yaoundé en me disant une centaine de fois « mais attends, ce gars en travaillant dur peut jouer en NFL ! », le potentiel physique et athlétique est juste dingue, il y a aura de plus en plus de gars venus du continent qui vont porter les maillots de différentes franchises, je prends les paris dès maintenant (rires) ».

RFI