Justice–Fin de cavale pour Pape Mamadou Seck: de la dangerosité du mensonge érigé en normalité.
Il y a de cela quelques semaines, un des éléments présumé membre de la «Force spéciale», en l’occurrence Pape Mamadou Seck, s’évadait du pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec pour se fondre dans la nature. Dès la sortie de l’Administration Pénitentiaire pour en informer, par la voix du Colonel Jean–Bertrand Bocandé, des têtes d’affiche de Yewwi Askan Wi (Yaw) avaient illico presto rué dans les brancards pour annoncer catégoriquement sa mort, accusant ainsi ouvertement le pouvoir en place d’avoir procédé à sa liquidation. En effet, le fugitif vient d’être retrouvé sain et sauf. Et alors ? Quid de tout ce tissu de mensonges savamment entretenu par des politiciens peu scrupuleux ? De gros risques de troubles à l’ordre public pourraient, à coup sûr, faire suite à la diffusion de fausses nouvelles concernant l’évasion de Pape Mamadou Seck de la part de leadeurs d’une opposition friande de terreur et de psychose.
De l’érection du mensonge en normalité…
Dès que l’annonce de l’évasion de Pape Mamadou Seck a été faite dans la nuit du 9 au 10 juillet 2022, des leadeurs de Yewwi Askan Wi étaient tout de suite montés au créneau pour soutenir bec et ongles la thèse d’une liquidation politique. Ainsi, malgré les assurances données par le Colonel Jean–Bertrand Bocandé à propos de l’évasion du prévenu, les accusateurs persistaient et signaient que Pape Mamadou Seck ne saurait, en aucune manière, s’échapper du pavillon spécial. D’ailleurs Ousmane Sonko interpellait directement le Président de la République Macky Sall, à travers des accusations à peine voilées. «Vous avez entendu ce cas du gosse Pape Mamadou Seck, je le dis à Macky Sall. Dis–nous où est–ce que tu as mis Pape Mamadou Seck ! Puisqu’ils ne sont que de vulgaires assassins, tuer ne signifie rien pour eux, s’ils l’ont tué et veulent trouver moyen d’affiner la chose, ils n’ont qu’à nous dire parce qu’ils ont appréhendé un fils de ce pays, l’accuser, créer des dossiers. Leur Procureur–là, que nous savons tous pourquoi il est là, sa relation avec Macky Sall on en a le cœur net depuis Kaolack, Fatick jusqu’ici, on connaît tout, il n’a qu’à sortir éclairer la lanterne des Sénégalais sur la situation de Pape Mamadou Seck. S’ils croient qu’ils sont en mesure d’intimider les gens, ils se leurrent… ».
Dans la même veine, l’ancienne mairesse Aïssatou Mbodji dite «Aïda», par ailleurs membre de la Conférence des leadeurs de Yaw avait enchéri : «Tout ce que je puis vous dire, c’est qu’ils ne sont plus en mesure de donner des explications que les gens vont accepter. Mais je les conseille de savoir qu’ils s’adonnent à un jeu assez dangereux. Ils ont banalisé le fait de tirer sur les gens, tuer froidement des enfants d’autrui, mais enfermer, tuer et vouloir nous forcer une évasion, il faudra que cela soit tiré au clair au plus vite, parce que ce n’est pas un jeu».
Pour ne citer que ceux–là, l’on conviendra que le pouvoir était dès lors accusé de tous les péchés à propos de l’affaire Pape Mamadou Seck. L’heure de sa liquidation a été même donnée, soit aux environs de 23 heures et demie dans cette nuit du 9 au 10 juillet 2022. En effet, de sérieux risques de troubles à l’ordre public pourraient advenir du traitement réservé à l’évasion de ce détenu, supposé membre de la «Force spéciale». Car, l’on aurait comme l’impression que l’effet recherché se résume à la quête du sensationnel, voire l’émoi aux relents de psychose. De ce fait, le sentiment de révolte ne serait plus à l’état embryonnaire mais fortement nourri parmi nos concitoyens. Donc, l’érection du mensonge en normalité, c’est–à–dire distiller ipso facto des contrevérités, en prenant le soin de faire passer la pilule par une posture assez précautionneuse dans le ton, ne semble pas en mesure de nous mener à des lendemains enchanteurs.
Ce silence assourdissant d’opposants devant le fait accompli…
Après 15 jours de cavale pendant lesquels toutes sortes de supputations et d’allégations ont été servies à l’opinion nationale et internationale, le sieur Pape Mamadou Seck a été retrouvé ce dimanche 24 juillet à 9 heures à Darou Karim, dans le département de Mbacké, région de Diourbel. C’est ainsi qu’il a été conduit sous bonne escorte à Dakar. D’après le communiqué de l’Administration Pénitentiaire, le détenu a été repris et réintégré en détention.
Pour rappel, Pape Mamadou Seck, qui était détenu au pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec pour raison de santé précaire, s’était évadé dans la nuit du 9 au 10 juillet 2022. Une évasion suspecte qui avait gêné l’Administration Pénitentiaire.
Sur ce, Le Colonel Jean–Bertrand Bocandé, Directeur de l’Administration Pénitentiaire avait organisé une conférence de presse pour donner des explications mais également demander au détenu de se rendre.
Il ressort d’un adage bien connu que «Quand le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend les escaliers. Qu’importe le temps passé sur la route par la vérité, elle finira toujours par arriver».
Soulignons qu’après que le prévenu Pape Mamadou Seck ait été retrouvé sain et sauf, le communiqué ci–dessus rendu public et que la preuve de l’arrestation du fugitif habillé en djallaba ait été produite, les accusateurs du régime du Président Macky Sall à propos du sort de Pape Mamadou Seck se sont emmurés dans un silence plus qu’assourdissant. Paradoxalement, les mêmes qui privilégiaient sans fard la piste d’une liquidation politique se sont réservés le droit de passer sous silence l’arrestation de M. Seck, présumé membre de la «Force spéciale».
Pourtant, en pleine campagne électorale, les coalitions en lice en direction des Législatives du 31 juillet prochain, de quelque bord qu’elles soient, ne devraient pas omettre de poser le débat de cette affaire d’«évasion–liquidation», qui a fini par montrer les limites d’une certaine communication politiquement politicienne. A n’en pas douter, cela y va du contrat de confiance entre les politiciens et leurs concitoyens.