(Vidéo) : « Dans la pratique, les magistrats sont plus enclins à répondre aux injonctions du pouvoir », Pr Aziz DIOUF

Publié le 14/07/2023 - 04:02juillet 14, 2023

Texte par : Moussa Lome

3 min

« D’un point de vue textuel, rien n’empêche aux magistrats d’être indépendants ; mais dans la pratique, ils sont plus enclins à répondre aux injonctions du pouvoir politique. » Le–voilà l’avis tranché d’Abdoul Aziz DIOUF – Professeur titulaire des Universités en Droit privé et agrégé des Facultés de Droit –. C’est via une interview avec l’économiste Felwine SARRque le Pr DIOUF a également abordé « l’héritage colonial de notre système judiciaire. »

Ainsi, il y a expliqué que le SÉNÉGAL a hérité l’état colonial de son système judiciaire, et le pays ne s’est pas encore départi de cette réalité. Il y a de nombreuses entreprises de réformes. Cependant, toutes ces réformes ou modifications observées à partir de 1960, ont une “nature cosmétique“. Fondamentalement, la Magistrature sénégalaise ne s’est pas départi de ses racines coloniales !

Concrètement, a tout de même précisé le Professeur à l’UCAD, on a toujours une Magistrature, non pas au service de ces destinataires, c’est–à–dire les populations, mais connecté directement, à l’appareil politique.

« C’est un emprunt de la période coloniale qui se perpétue même dans cette période. La Magistrature sénégalaise, telle qu’elle se pratique actuellement, est toujours liée à cette époque coloniale. »

“ Cet emprunt colonial se manifeste aussi dans son architecture avec cette division entre la Magistrature debout, c’est–à–dire le Parquet et une Magistrature assise, c’est le juge “, a–t–il ajouté. Et au–delà, de cette architecture, les rites, les symboles (la “balance“, la “toge“) l’imaginaire de cette Magistrature a également des origines coloniales.

Sur l’indépendance de Dame Justice, M. DIOUF affirmera que la seule autorité qui saurait s’imposer par rapport à un magistrat, en principe, c’est la loi ! Mais, dans la pratique judiciaire, « les magistrats sont plus enclins à répondre aux injonctions, aux attentes du pouvoir politique. »

Concrètement, le CSM (Conseil supérieur de le Magistrature) est cet outil, cet instrument à travers lequel le pouvoir politique organise l’instrumentalisation ou le contrôle de l’appareil judiciaire.

Pour se faire, “ le Président de la République est le président du CMS et le ministre de la Justice Garde des Sceaux en est le vice–président. Donc, l’administration de la Justice est purement politique “, a–t–il regretté, sans fard !

Regardez !