« Je suis en couple avec , mes relations avec mes frères sont compliqués … »: 10 questions à Maah Khoudia Keita

Parlez-nous de votre nouveau morceau : Boul Door
 
J’ai sorti un nouveau morceau qui s’appelle « Boul dorr »,  qui à la base était une proposition musicale. C’est la raison pour laquelle, elle n’est pas longue, elle ne fait que 2  mn 20. J’ai voulu ressortir ce que je ressens sur le plan musical. Et j’en ai profité pour sensibiliser sur les violences faites sur les femmes. Violences physiques, violences morales, violences conjugales. 
 
Qu’est-ce qui vous a poussée à faire cette chanson ? 
 
Je voulais proposer quelque chose de nouveau. Après mon départ de Takeifa , j’ai joué pour quelques artistes. Alors récemment,
 
je me suis dit « pourquoi ne pas essayer de faire quelque chose qui sera mon empreinte musicale ». Je peux mourir d’un moment à l’autre, je ne peux pas continuer à être dans le milieu sans présenter ma vision de la musique. Et le fait de penser à l’héritage musicale que je pourrais laisser après ma mort, m’a en quelque sorte secouée. Alors je me suis lancée.
 
Comment est-ce que se passe votre carrière musicale actuellement ?
 
J’apprends beaucoup. Depuis 3 ans je suis dans une grande phase d’apprentissage. Je joue avec beaucoup d’artistes comme Carlou-D, Fou Malade, Fadda Freddy. Je fais beaucoup de collaborations aussi. Là je suis plus concentrée sur les after-work jazz, parce que c’est mon domaine d’apprentissage. Je fais beaucoup de recherches sur la musique mandingue également. J’ai sorti ce morceau et je compte en faire d’autres. A côté, il y a ma vie d’actrice que je mène à merveille et je suis ambassadrice pour la cause des albinos.
 
Parlez-nous de votre parcours, qu’est ce qui vous a poussée à vous lancer dans la musique ?
 
C’est en famille que j’ai aimé la musique. Mon père et ma mère sont les premiers mélomanes que j’ai connus. Ce sont eux qui nous ont habitués à faire de la musique, à avoir une bonne oreille musicale et à être sélectif par rapport à ce que nous écoutons. Par exemple, mon père a toujours acheté des instruments musicaux depuis notre enfance et regardait qui avait plus de courage pour les essayer. Ils m’ont donné cette passion pour cet art. Cependant je précise que mon père ne m’a pas forcée à faire de la musique, c’est un choix personnel.
 
Est-ce facile d’être une femme, albinos et de faire de la musique ?
 
Je ne vois pas d’inconvénients à mon niveau. Ma situation n’est pas plus avantageuse ou moins que celle des autres, parce que je suis albinos et femme. Je me suis toujours sentie traitée de la même manière que les autres artistes. En plus, la musique est un métier que l’on fait la nuit. Par rapport à mon état d’albinos, le fait de travailler la nuit me facilite la tâche car ma peau est fragile. Ce qui aurait été peut-être compliqué c’est de le faire le jour, sous le soleil. 
 
Vous avez changé de look, pourquoi le choix du voile ?
 
J’ai été connue comme une femme qui s’habille de manière relax et sexy. Mais à un moment de ma vie, j’ai dû analyser de nouveau ma relation avec Dieu. Je prie certes, comme toute bonne musulmane. Mais, je me demandais quelle était ma relation avec Dieu, je la voulais plus étroite. Il ne s’agissait plus d’exercer ma relation par crainte mais plutôt par amour pour Dieu. C’est ainsi que j’ai progressivement abandonné beaucoup de choses que je faisais. Par rapport au port du voile, c’est un choix, après avoir lu le coran qui m’apprend que c’est obligatoire, j’ai décidé de le faire. Quand tu aimes Dieu et qu’Il te dit de porter le voile, tu dois le faire.
 
Est-ce que voile et musique riment ensemble pour vous ?
 
Je ne sais pas. Je fais la part des choses. La musique c’est mon métier, c’est un boulot comme les autres. L’islam est ma religion, donc je pense qu’on peut porter son signe dans toutes nos professions. L’essentiel c’est d’adapter son style vestimentaire à son métier.
 
Comment se porte votre relation avec vos frères? 
 
Ma relation avec mes frères est très compliquée, d’ailleurs je ne sais pas comment te l’expliquer. Ce n’est pas rose avec certains mais avec d’autres, elles sont assez correctes.
 
Pourquoi vous avez quitté le Takeifa?
 
C’est une décision que j’ai prise après avoir mûrement réfléchi. Chacun de nous avait besoin de grandir et de pouvoir montrer ce qu’il peut réaliser lui-même. C’est très important d’apprendre à évoluer seul et à ne pas dépendre des autres. Même lorsqu’il s’agit de ses propres frères. Je suis sure à 75% que beaucoup avaient juré que je n’allais pas évoluer sans Takeifa. Actuellement, je suis contente de ce que je suis, j’avais besoin de prendre mon propre chemin. 
 
Vous êtes assez virulente avec les hommes sur les réseaux sociaux. Qu’est ce qui explique ça ? 
 
Je délire juste, ce n’est rien de bien sérieux. Mais tout ce que je publie est la réalité. Il est difficile, par exemple, de voir un homme qui dit la vérité. Il faut bien que quelqu’un leur dise la vérité. Entre femmes, nous sommes plus sévères et moins tolérantes qu’envers les hommes. Je me suis dit qu’il fallait au moins une personne qui leur dit ce qu’elle pense réellement d’eux. Ce n’est pas parce que je les déteste ou que j’ai eu une expérience douloureuse avec la gente masculine, c’est juste parce que quelqu’un doit le dire. Ça n’a rien à avoir avec ma vie personnelle, d’ailleurs dans la vie de tous les jours je suis très à l’aise avec les hommes, je m’entends très bien avec eux. 
 
En couple ?
 
Je suis en couple et ça va. Je suis une femme avec beaucoup de caractère et je suis assez intransigeante. C’est parce que je le suis avec moi-même et j’essaye du mieux que je peux pour être juste avec moi-même avant de l’être avec les autres.
 
Vos projets ?
 
Je vais essayer de faire d’autres morceaux et sûrement travailler sur un EP. J’espère pouvoir collaborer avec d’autres artistes car je suis toujours en phase test et j’espère que les autres vont apprécier.