Haïti : grève générale contre l’insécurité et l’emprise des gangs armés
Des associations professionnelles et des entreprises haïtiennes avaient lancé un appel à la grève générale ce lundi 18 octobre pour protester contre l’insécurité. Un mouvement largement suivi à Port-au-Prince. L’appel avait été émis avant l’enlèvement de 16 Américains et un Canadien samedi 16 octobre par un gang armé. Il n’y a toujours aucune nouvelle de ce groupe, qui s’était rendu dans un orphelinat dans l’une des régions les plus dangereuses du pays.
Avec notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron
Pas de transports en commun, écoles, commerces et bureaux gardant portes closes : l’appel à la grève générale et illimitée a été suivi ce lundi dans la capitale haïtienne, qui vit depuis des mois sous l’emprise des gangs.
À l’initiative du mouvement lancé au cours de la semaine dernière, le président de l’association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti Méhu Changeux exige que l’État prenne ses responsabilités :
« Ça fait des mois qu’on appelle à l’aide parce qu’on n’est pas en sécurité. La multiplication des enlèvements nous empêche de fonctionner. On paie à l’État toutes les taxes qu’on nous demande de payer mais en retour, il faut qu’il nous donne la sécurité pour que l’on puisse vivre. On va bloquer le pays jusqu’à nouvel ordre, jusqu’à ce que l’État décide de mettre les bandits hors d’état de nuire. Ces bandits dépassent les bornes : ils kidnappent, ils violent les femmes et font tout ce qu’ils veulent. Les gangs sont tellement nombreux dans le pays, l’État a tellement laissé faire, qu’ils continuent à prendre du terrain. Ils ont kidnappé les 17 missionnaires [nord-]américains, ça montre que personne n’est à l’abri.
Face à ce mouvement de grève nationale, et face à la montée en puissance des gangs, police et autorités ne se sont pas encore exprimés publiquement. Les groupes armés ont pourtant empêché dimanche 17 octobre une cérémonie officielle en mémoire du père de la nation haïtienne, Jean-Jacques Dessalines.