Guerre en Ukraine : Acheminement, délais, coordination européenne… Comment la livraison d’armes va-t-elle s’organiser ?

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Chars, avions, fusils d’assaut, casques, munitions… Moins d’une semaine après le début de l’offensive russe en Ukraine, une vingtaine de pays européens ont répondu aux appels du ministre ukrainien des affaires étrangères, Dmytro Kuleba, sur des livraisons d’armement.

Dimanche, Bruxelles a annoncé qu’elle allait débloquer 450 millions d’euros pour acheter des armes au profit de l’Ukraine, mettant « fin au tabou voulant que l’Union européenne ne fournisse pas d’armes à des belligérants », a déclaré Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, dimanche. Acheminement, délais, coordination européenne… Comment envoie-t-on des grenades, des chars d’assaut ou des avions de combat en temps de guerre ? 20 Minutes fait le point.

L’Europe répond présente

Il n’aura fallu que quelques jours pour que la majorité des pays européens apportent leur soutien militaire à l’Ukraine en annonçant l’envoi d’armes. Et c’est l’Allemagne qui a ouvert le bal, samedi, en annonçant la livraison de 1.400 lance-roquettes antichar, 500 missiles sol-air Stinger, neuf obusiers et 14 véhicules blindés.

Fusils, mitrailleuses, armes antichars, obus, casques, munitions… Les Pays-Bas, la Belgique, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, la Suède, l’Italie, le Danemark ou encore la Croatie ont eux aussi promis des livraisons prochaines de matériel militaire.

Fusils, mitrailleuses, armes antichars, obus, casques, munitions… Les Pays-Bas, la Belgique, le Portugal, la République tchèque, la Roumanie, la Suède, l’Italie, le Danemark ou encore la Croatie ont eux aussi promis des livraisons prochaines de matériel militaire.

Côté français, le gouvernement a confirmé, ce week-end, la livraison additionnelle d’équipements de défense aux autorités ukrainiennes ainsi qu’un soutien en carburant, a indiqué la présidence, dimanche, sans donner de détails sur le type de ces armements. De son côté, l’état-major français a annoncé l’arrivée prochaine de 4 avions de chasse Mirage 2000-5 destinés à « renforcer la défense aérienne des pays baltes ».

La Pologne, plateforme logistique

Si les armes proviennent des stocks nationaux, les livraisons, elles, sont coordonnées par l’Union européenne. Les 450 millions d’euros annoncés par Bruxelles seront débloqués via la « facilité européenne de paix », un fonds qui ne fait pas partie du budget commun de l’UE mais qui est doté de 5 milliards d’euros, permettant de « rembourser les Etats membres qui ont prélevé sur leurs stocks d’armements nationaux et donner un “chapeau européen” à ces livraisons d’armes », a expliqué un responsable européen interrogé par l’AFP.

« Puisqu’il y a une guerre à part entière en Ukraine, et que nous voulons tout faire pour soutenir l’Ukraine, nous avons décidé d’utiliser nos capacités pour fournir des armes, des armes létales […] à l’armée ukrainienne pour une valeur de 450 millions d’euros », a déclaré Josep Borrell, également vice-président de la Commission européenne, dimanche.

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Ce dernier a également confirmé que ces armes allaient être livrées en Pologne qui « a proposé de servir de plaque tournante logistique pour le transfert de cette assistance matérielle à l’Ukraine ». Mais plus facile à dire qu’à faire, selon le général Vincent Desportes, professeur de stratégie à Sciences Po et HEC et ancien directeur de l’Ecole de guerre, auprès de 20 Minutes : « Il y a un fossé entre la décision et la livraison d’armements. La question de la logistique, c’est un problème majeur. » Un problème que devront régler les ministres européens de la Défense, mardi, lors d’une réunion sur le financement des livraisons d’armes, ainsi que sur l’acheminement de ces dernières.

La voie terrestre, seule option

Car si les livraisons peuvent être organisées par la voie maritime, terrestre ou aérienne, Vincent Desportes estime qu’on peut d’ores et déjà éliminer la dernière option. « Actuellement, livrer des armes par les airs, c’est totalement impossible car la Russie a le contrôle de l’espace aérien ukrainien. Tout avion pénétrant en Ukraine peut être détruit immédiatement », explique le général, qui ajoute : « Il n’est vraiment pas sûr que les Occidentaux prennent le risque, ce serait un acte de guerre, avec tout ce que ça engendre. » L’option maritime, elle, n’est pas forcément meilleure. « La Russie contrôle la mer d’Azov, au sud de l’Ukraine, et on ne peut évidemment pas passer par la Russie ou la Crimée » poursuit le général, qui ajoute qu’il est également impossible de passer par la mer Noire, au sud ouest de l’Ukraine, en raison de la présence de la flotte soviétique.

Reste la voie terrestre. Si elle apparaît comme la seule et unique solution, elle pose de nombreux problèmes. « Il faut que les armes arrivent dans des camions, probablement ceux de l’Otan, jusqu’en Pologne, qu’elles soient déchargées puis chargées dans des camions ukrainiens. Les Russes suivent ça de près et pourraient attaquer ces camions sur le sol ukrainien », détaille le spécialiste, qui souligne en outre que les routes polonaises et ukrainiennes sont, pour l’heure, totalement encombrées par les réfugiés ukrainiens qui fuient vers d’autres pays, notamment en Pologne.

Dans combien de temps ?

Après les armes, la logistique et le financement, reste la question des délais. Dans combien de temps l’Ukraine peut-elle espérer recevoir ce matériel ? Des premières livraisons ont déjà eu lieu ce week-end, ont affirmé plusieurs responsables européens dimanche. Mais pour Vincent Desportes, il faudra plusieurs jours, voire de semaines, pour tout livrer. « Acheminer des caisses de grenades par la voie terrestre, c’est faisable rapidement. Mais livrer des avions, ça me paraît bien plus compliqué », analyse le spécialiste.

NKN

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