A moins de dix jours du démarrage des dépôts de candidatures pour les élections locales de janvier 2022, place aux investitures de tous les dangers aussi bien dans l’opposition qu’au sein du pouvoir. Les frictions commencent déjà à polluer l’atmosphère. L’implosion, elle, est toute proche.
Il y a de la friture sur la ligne. A moins de dix jours du démarrage des dépôts de candidature (prévu du 30 octobre au 4 novembre) pour les élections locales du 23 janvier 2022, les coalitions, aussi bien de l’opposition que du pouvoir, traversent une terrible zone de turbulence. Décidément, les investitures ne sont pas sans danger au sein des coalitions où on ne parle plus le même langage entre alliés. L’appétit vorace des uns bute sur les ambitions démesurées des autres, menaçant ainsi la stabilité et la viabilité précaire de ces alliances de circonstances.
De part et d’autre, la situation a pris des proportions inquiétantes. Du côté du pouvoir, c’est le calme avant cette tempête inévitable que Macky cherche à circonscrire en brouillant les pistes, le temps de trouver la formule magique. Au même moment, l’opposition déjà divisée, risque l’émiettement dans plusieurs localités où les alliés peinent à accorder leurs violons.
Yewwi Askan Wi face aux ambitions démesurées de Pastef
Dans la coalition Yewwi Askan Wi, c’est la foire d’empoigne pour le contrôle des 557 communes et 46 conseils départementaux. L’atmosphère est tellement polluée au sein de ce pôle (dirigé par Taxawu Dakar de Khalifa Sall, Pastef de Ousmane Sonko et le Pur de Serigne Moustapha Sy) que, faute de consensus, les investitures qui étaient prévues pour ce samedi ont été finalement renvoyées à une date ultérieure.
La coalition frôle d’ailleurs la fissure, en atteste la fronde de Pastef à Dakar et Tambacounda. Les hommes de Ousmane Sonko qui dénoncent le mode de désignation des candidats de Yewwi Askan Wi dans ces localités, ont tout bonnement décidé de suspendre leur activité dans ladite coalition. Si Pastef Dakar est revenu sur sa décision hier après des négociations, Pastef Tamba maintient sa position signalant qu’un « procès-verbal, ne portant pas la signature de (son) notre candidat, a été envoyé à la commission nationale d’investiture. La candidature de Lass Kanté est mentionnée dans le document. Alors que, hier, devant toute l’assistance, la séance a été levée sans consensus ».
Raison pour laquelle Pastef/Tambacounda suspend ses activités dans la coalition Yaw. Les mêmes frictions sont prévisibles à Tivaouane, bastion naturel du Pur, selon les leaders du parti de Serigne Moustapha Sy qui a déjà créé un malaise au sein de la coalition le jour du Gamou en faisant faux-bond à la délégation des leaders de la coalition.
Bokk Gis Gis et Pds s’entredéchirent
La coalition Wallu Sénégal aussi a chopé le virus de la divergence. En effet, le vent de fronde a atteint cette coalition où Bokk Gis Gis de Pape Diop et le Pds ont du mal à trouver un consensus. Les camarades de l’ancien maire de Dakar dénoncent en effet la boulimie de leurs anciens frères libéraux qui refusent de leur céder la tête de liste dans 6 départements sur les 46 en jeu. Le Pds campe sur sa position et réclame 42 conseils départementaux sur les 46, ne laissant ainsi que 4 conseils à ses alliés composés d’Aj/Pads, Bokk Gis Gis, Crd et Jotna.
De même, le Pds a opposé un niet catégorique à la requête de Bokk Gis Gis d’être tête de liste de la coalition dans 100 communes sur les 557. En attendant une décision finale, les négociations se poursuivent. A signaler que Pape Diop et ses partisans n’écartent pas de quitter la coalition.
Bby, entre impatience et défiance
Dans la mouvance présidentielle, le président Macky Sall joue la carte de la prudence pour éviter d’éventuelles frustrations. Accablé par les déclarations tous azimuts de candidatures, le chef de l’Apr avait invité les membres de son parti tout comme ses alliés de Benno bokk yakaar (Bby) d’être à son écoute. Mais cette instruction n’a pas empêché ses militants d’organiser des meetings pour se faire plébisciter par leurs proches pour taper à l’œil du président.
D’autres plus téméraires ont pris leur courage à deux mains pour braver l’interdit et défier l’autorité. On peut citer : l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Tew Niane et Adama Faye. Le premier nommé, a décidé de passer outre cette injonction présidentielle en allant à l’assaut du beau-frère de Macky Sall, Mansour Faye à la mairie de Saint-Louis. « J’ai décidé librement d’être candidat maire de Saint-Louis du Sénégal. J’ai l’intime conviction qu’il ne revient à aucune autorité à Dakar de choisir le maire de Saint-Louis », a-t-il déclaré sans ciller.
L’autre beau-frère, Adama Faye a été le premier à s’inscrire dans la défiance. L’ancien colistier de Mimi Touré à Grand-Yoff en 2014, a tiré à boulet rouge sur son beau-frère de président. Dans une lettre incendiaire reprise par la presse au mois de juin dernier, Adama crache le feu sur Macky Sall. « (…) Au-delà du fait que le sang royal ne coule guère dans vos veines, je vous rappelle que le Sénégal n’est point un royaume. (…) Monsieur le président, tout cela pour marteler, hic et nunc, que moi, Adama Faye, membre fondateur du parti Apr, je déclare ma candidature aux prochaines élections locales de janvier 2022 dans ma commune Grand-Yoff », lâche-t-il.
Avant d’ajouter : « il va sans dire que je ne bénéficie pas de l’accord de mon parti ou plutôt je dirais de votre décision, je présenterai –si Dieu le veut- une liste parallèle et concurrente, quel que soit le mode de scrutin choisi. In fine, ma liberté aura été affirmée jusqu’au bout… Advienne que pourra ».
Avec l’élargissement de la coalition avec le ralliement de Idrissa Seck et le Rewmi, les ambitions affichées par le Parti socialiste et l’Apr, le président Sall a du pain sur la planche. D’après l’Observateur qui cite une source, le locataire du palais ne veut prendre aucun risque lors des investitures au sein de Bby. D’après le canard de la Médina, le président va reconduire les maires sortants quitte à faire face à des frustrés.