Exercice illégal de la médecine : Le faux médecin Abdou Wahab Diop et sa complice condamnés à 6 mois ferme.

Tout a commencé le jour où le commissariat de la police de Guédiawaye a contacté les enquêteurs de la sûreté urbaine pour leur faire part d’une dame qui habite Rebeuss et qui aide certaines personnes à grossir leurs fesses. Les investigations ont permis de mettre la main sur Awa Dème. Interrogée par les enquêteurs, elle a fini par balancer le nom de Abdou Wahab Diop.

Après avoir procédé à la fouille de leurs portables, les enquêteurs ont découvert qu’ils ont fait des victimes. Suite à l’identification de l’une d’entre elles nommée Salimata Sy, qui a été contactée, cette dernière de révéler avoir vu une annonce sur la page Instagram de la mise en cause, Awa Dème Sow. Ainsi, la perquisition faite chez la dame Sow a permis aux enquêteurs de découvrir des boîtes de suppositoires et des crèmes pour fessiers. Âgée, seulement, de 23 ans, la gestionnaire de la pharmacie a contesté les faits. D’après elle, elle n’a qu’une seule fois mis en rapport son co-prévenu avec une cliente.

Par contre, la plaignante Salimata Sy a expliqué au Tribunal qu’elle est entrée en contact avec la prévenue Awa Dème Sow via Instagram. « Quand, j’ai vu ses produits sur sa page, je lui ai fait part de mon désir d’augmenter mes fesses. Elle m’avait proposé pas mal de produits, et même des médicaments, mais j’ai refusé. C’est par la suite qu’elle m’a convaincue de prendre les injections. C’est là, qu’elle m’a promis de me mettre en rapport avec un médecin. Au début, elle m’a proposé des comprimés. Auparavant, elle m’avait dit qu’elle s’appelait Dieynaba. C’est à l’enquête que j’ai su son vrai nom « , renchérit-elle. Avant de poursuivre : « un dimanche, le soi-disant médecin m’a contactée et m’a fait des injections. J’ai payé 500 000 francs Cfa. Mais, franchement, je ne suis pas tombée malade et je n’ai eu aucun effet secondaire. »

Le juge lui posera la question de savoir est-ce qu’il vous a montré une carte qui justifie qu’il est médecin. Elle répond par la négation. « Quand, il m’a appelée, il s’est présenté comme le médecin », dit-elle.

Reprenant la parole, Awa Dème Sow dira que c’était la première fois qu’ils travaillaient ensemble. Je ne savais pas qu’il n’était pas médecin.

Abdou Wakab Diop : « Le médicament ‘Vagicar’ qui consiste à rétrécir le vagin appartient à ma copine »

À son tour,  Abdou Wakhab Diop avoue avoir administré des injections à la dame. Cependant, il réfute l’usurpation de fonction.  » Je ne me suis pas présenté comme un docteur, ni un pharmacien. J’ai vu Awa le Samedi. Elle m’a convaincu de faire les injections à elle seule. J’étais à mon premier coup d’essai, s’est-il défendu.

Le magistrat lui rétorque : « si c’est la première fois, pourquoi aviez vous tout ce matériel qu’on a trouvé chez vous. Un tensiomètre, un tétoscope, une bouteille d’alcool bleu déjà ouverte, quatre boîtes d’acide », liste le président du tribunal. Le Sieur Diop répond qu’il a acheté à la pharmacie tout le matériel sauf l’acide qui lui a été livré par Awa. Et concernant le médicament pour rétrécir la paroi vaginale, c’est pour sa copine qui vient chez elle souvent, dit-il pour se dédouaner.

Dans cette affaire, l’ordre des médecins du Sénégal s’est constitué partie civile. Lors de son réquisitoire, le représentant du ministère public a estimé que Salimata Sy croyait avoir affaire à un médecin. Selon le parquet, d’après les résultats des investigations, il n’est pas inscrit à l’ordre des médecins et il n’a jamais fait des études de médecine. Les enquêteurs ont trouvé un gel qui sert à rétrécir le vagin. C’est des faits assez grave, alors qu’il se dit agent de contrat. Le délit d’usurpation de fonction est établi. Concernant le délit de mise en danger de la vie d’autrui, la parquetière souligne que le prévenu a clairement dit devant votre barre, qu’il utilise le minimum possible de dose pour éviter des conséquences. Ce qui veut dire qu’il est conscient du danger qu’englobent ses injections. « Il a exposé autrui à un danger de mort. Concernant Awa Dème Sow, elle reconnaît avoir fait la publication qui a permis à Salimata Sy de la contacter pour grossir ses fesses », observe la parquétière. En résumé, vu la constance des faits, le parquet a requis 2 ans d’emprisonnement dont 6 mois ferme.

De son côté, le conseil de la prévenue, Me Anta Seck pense que sa cliente est diplômée de l’Institut africain de Pharmacie. Elle n’a jamais commis un acte allant dans le sens de ce qui lui est reproché. « Comment elle peut mettre en danger la vie d’autrui alors qu’elle a, elle même reçu les injections », rassure Me Seck . Sur ce, la robe noire demande la relaxe de sa cliente pour les faits d’usurpation de fonction et de mise en danger de la vie d’autrui afin de lui faire une application humanitaire de la loi pénale vu son jeune âge.

Me Ciré Clédor Ly : « C’est un acte purement artistique et esthétique »

Quant à Me Ciré Clédor Ly qui assure la défense de Abdou Wahab Diop, il a fait savoir qu’il n’a pas compris la sévérité du ministère public pour des délinquants primaires en cette période de pandémie. « Vous ne deviez pas entrer en voie de condamnation. C’est un acte purement artistique et esthétique. La victime a voulu remodeler son corps », a relevé la robe noire qui estime que les prévenus ont commis une infraction occasionnelle et non une infraction d’habitude. À cet effet, l’avocat sollicite qu’il soit renvoyé des fins de la poursuite sans peine ni dépens.

Finalement, le juge en rendant son jugement a déclaré les prévenus coupables avant de les condamner à 6 mois ferme et alloué le franc symbolique à l’ordre des médecins du Sénégal.