« En perdant épouse et enfant en couches, l’époux vit un deuil patholgique », Dr Abdou Khadre Sanokho, sociologue certifié en Psychologie

Abdou Khadre Sanogo

Dernièrement, l’on a pu noter des cas de décès en couches de dames dans des conditions plus ou moins inqualifiables. Si certains accusent les préposés aux soins d’avoir manqué à leurs obligations, d’autres y voient des conditions pas très propices à un service d’excellente qualité. Avant même que le Sénégal n’ait fini de s’apitoyer sur le sort d’Astou Sokhna, décédée à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga, le système sanitaire ne semble pas jusqu’ici proposer des garanties suffisantes pour que les populations puissent dormir sur leurs deux oreilles.

A en croire le sociologue, Dr Abdou Khadre Sanokho, l’époux qui verrait sa douce-moitié et son enfant emportés par l’accouchement, vit un traumatisme profond, un deuil pathologique.

« Perdre sa femme décédée en couches pour un époux est un évènement très douloureux psychologiquement. L’époux éprouve un choc émotionnel très aigu à cause de l’intensité de l’évènement due au double drame. En réalité, dans ce cas de figure, le sujet perd à la fois un bébé et son épouse. Il peut alors vivre, non pas un deuil normal, mais pathologique, c’est-à-dire qu’il aura tendance à ne pas accepter, vivre et dépasser ce moment douloureux pour tourner la page. L’angoisse est très présente et exprime le sentiment de perte de la personne aimée et de l’enfant attendu. Le sentiment de culpabilité est également de mise avec une auto-accusation du sujet qui pense être quelque part à l’origine du drame et ne se le pardonne pas. La personne a du mal à résister et à faire face. Elle est très vulnérable pour résoudre cette question, elle peut facilement lâcher prise ou sombrer. Les flash-back peuvent l’obstruer et le contraindre à pouvoir avancer et se tourner vers l’avenir, car ce genre de situation installe un grand vide chez le sujet qui la traverse. La présence des proches, les groupes de paroles partagés avec des gens qui ont vécu la même chose et la religion peuvent constituer des moyens pour permettre à ces personnes de bien réussir leur reconstruction ».

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