Edito- De la gloire à la désillusion : Ousmane Sonko ou la chute du dernier des mohicans de l’ex Pastef

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Du haut de son succès virtuel, Ousmane SONKO avait fini de plonger dans un déni profond de la réalité. Tel un prêtre qui après son ordination reçoit un pouvoir, celui de peser sur les consciences du commun des mortels, Ousmane SONKO s’est imposé en vigie de la bonne gouvernance et au-delà, de la morale politique. Il avait scindé les sénégalais en deux catégories. D’un côté « les bons », ceux qui étaient avec lui et de l’autre « les mauvais », ce qui ne partageaient pas sa vision.  On se rappelle encore de sa « Fatwa » contre les anciens chefs d’Etats sénégalais.  

Aidé en cela par des imprécateurs qui auguraient le chaos à tout va, l’homme croyait pouvoir transformer le pays en un véritable pandémonium s’il venait à être arrêté. Ses thuriféraires zélés qui passaient leurs temps à cracher le feu partout avaient réussi, à coup d’insultes et d’invectives, la prouesse de créer une sorte de spirale du silence qui a asservit journalistes, intellectuels, bref à taire la voix des chassants. La communication du leader de l’ex parti Pastef était essentiellement fondée sur une kyrielle de provocations envers l’Etat et ses institutions, un véritable pied de nez fait aux valeurs de la République.

Cette méthode lui a tellement réussi à un moment donné, qu’il n’a jamais songé à se fixer des limites. A rebours de la logique du realpolitik, l’homme s’est perdu en arpentant un sentier méconnu au cœur de la brume politique. Il est malencontreusement sorti de son orbite pour toucher à la sécurité nationale.  De la première vague de mars 2021 à la seconde encore plus dévastatrice de juin 2023, les appels à l’insurrection du leader de l’ex parti Pastef ont fait payer au Sénégal un lourd tribut.

Le 1er juin dernier, lors des manifestations ayant suivi la condamnation de Ousmane Sonko à deux ans ferme dans le procès Sweet Beauté, l’UCAD a été la cible d’une violente attaque. Plusieurs bâtiments et du matériel ont été mis à sac et/ou incendiés. Les dégâts ont touché le campus social, les locaux de l’administration de l’université ainsi que les écoles et instituts qui y ont logés. Et que dire des nombreuses pertes en vie humaine ?  Le comble de la cruauté a été atteint avec l’incendie d’un bus qui a occasionné la mort de deux jeunes filles innocentes dont le seul tort est de vaquer tranquillement à leur occupation.

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Subséquemment, l’image idyllique du sénégalais pacifique et de l’exception sénégalaise se sont subitement fracassées au contact de cette nouvelle forme de militantisme qui n’a cure de la paix sociale. Seule importe, la conquête du pouvoir pour le pouvoir.

Du reste, d’aucuns agacés par le comportement jusqu’auboutistes de l’idylle de Ziguinchor ont longtemps décrié la faiblesse d’un Etat à la marche titubante qui avait peur d’affronter le « Tout Puissant SONKO ». Lui-même y croyait fortement et n’hésitait jamais à narguer l’Autorité de l’Etat.

Mais c’était sans savoir que si l’Etat a progressé à l’allure du caméléon dans cette délicate affaire, c’est parce que la gravité de ses responsabilités ne lui autorise aucune précipitation ou empressement. Ne dit-on pas d’ailleurs du temps de la justice qu’il n’est pas le temps des Hommes ?

Thomas More en 1516 a inventé le mot utopie pour désigner une société imaginaire idéale. Ce vocable va comme un gant à la manie Pastéfienne qui a consisté à imposer sa vision par l’argument de la force et non par la force de l’argument. Contrairement aux imprécations des oiseaux de mauvais augures, Ousmane Sonko subit la rigueur carcérale à la prison de Sébikotane et la République reste plus que jamais debout.

Ce pays qu’on menaçait de bruler n’a jamais été aussi stable.  L’ex parti Pastef né dans les abysses du populisme et de la démagogie tire sa révérence en se frottant au monstre froid qu’est l’Etat, un Etat qui comme un taureau s’est brutalement réveillé.  Ce constat rappelle amèrement aux militants de l’ex parti Pastef, une sorte de désillusion plusieurs fois refoulée dans leur subconscient : force reste à la loi !

 

Pape FALL

 

 

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