Décryptage- Nouvelle approche politique de Macky Sall : stratagème ou sincérité du leader de BBY ?

8B15C753 310B 4EAA A362 F7623D376895

S’il y’a constat largement partagé par de nombreux observateurs, c’est qu’au lendemain du sacre des lions, à la coupe d’Afrique des nations, le Président de la République Macky Sall semble avoir emprunté un nouvel itinéraire sur le plan politique.  L’invitation faite à l’opposition à fêter avec lui la victoire des lions, combinée à la décision de donner le nom du nouveau stade de Diamniadio à son prédécesseur sont des signaux forts. Le patron des marron-beiges a-t-il réellement l’intention de pacifier l’espace politique ou faudrait-il ranger sa démarche dans le registre de la politique politicienne ? Décryptage avec Chrono-Actu. 

Le 23 janvier 2022, la coalition Benno Bokk Yaakaar a perdu les grandes villes du Sénégal au profit de la Coalition Yewwi Askan Wi. Même si le pouvoir clame encore sa victoire, l’opposition, au contraire, parle de débâcle et y voit un désamour entre le régime en place et les sénégalais. Quelques jours seulement après les législatives, à la faveur du sacre de l’équipe nationale du Sénégal à la coupe d’Afrique des Nations, une euphorie collective s’est emparée des populations. Ainsi, lors de l’arrivée des Lions, le Président de la République a pris l’initiative d’associer à la fête toutes les forces vives de la nation, pour magnifier ce sacre. Initiative à laquelle ces dernières ont massivement adhéré. Cerise sur le gâteau, le chef de l’Etat a rebaptisé le nouveau Stade du Sénégal du nom de son prédécesseur Me Abdoulaye Wade. Les raisons de cette nouvelle posture du leader de BBY suscitent la curiosité de nombreux sénégalais.

Selon Ibrahima Bakhoum, journaliste analyste politique, Macky Sall est dans une suite logique. A l’en croire, le Président Macky Sall voulait honorer son prédécesseur depuis longtemps. Ce dernier lui avait opposé un refus catégorique. Macky SALL est resté fidèle à sa démarche de faire porter le nom des infrastructures de valeur aux hommes de valeur.  Il ne l’a pas réussi avec l’aéroport. Le stade est alors une bonne occasion qu’il a saisie, surtout dans un contexte d’euphorie générale.  De son côté, le refus de Wade d’accepter le nom de l’aéroport était aussi fondé, parce que c’est lui-même qui l’a baptisé aéroport Blaise Diagne. Il serait alors incongru qu’il fasse marche arrière en acceptant que le stade porte à présent son nom, ajoute M. Bakhoum. Cependant Ibrahima Bakhoum émet  des interrogations sur les véritables intentions  de Macky Sall.Car comme il dit nous sommes en politique.Et dans ce cadre les actes posées ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. En donnant ce nom du Stade à l ‘ancien président de la République Me Abdoulaye Wade, qui d’ailleurs a beaucoup contribué dans la conception politique de Macky Sall, ce dernier monterait à la face du monde qu’il est dans une dynamique de réconciliation avec son prédécesseur.

A ces réserves émis par Ibrahima Bakhoum , concernant les intentions de Macky Sall, Abdoulaye Ndiaye responsable politique de l’Alliance Pour la République (APR) à Grand Yoff, apporte quelques éclaircissements. En effet , pour lui   cette approche du président de la République au lendemain de la victoire des lions c’est à dire l’appel à l’union sacrée autour de ces champions et  le nom du stade dédié à Abdoulaye Wade, est plébiscitée par tout le monde. “La démarche de Macky montre que la politique ce n’est pas de l’animosité mais une question de vision. Il ajoute que Macky Sall a été très intelligent de voir que le contexte change et il s’est adapté de fort belle manière. Ces actes contribuent au renforcement de la stabilité politique. « De manière très globale dit-il  après la victoire des lions le président a posé des actes qui vont dans le sens de la cohésion, la solidarité, le travail. ”Moins de politique politicienne et plus d’actes de patriotisme. La stratégie associative est pour  beaucoup la bonne pour le Sénégal et le peuple sénégalais »note le député de la  13ème législature.                                                               Me El Hadji Mamadou Ndiaye avocat à la Cour, maire de la commune de Thiaroye-sur-Mer et coordonnateur départemental de Taxawu Sénégal à Pikine estime qu’ « en  l’espace de deux semaines le Président de la République a posé des actes que d’aucuns ont jugé forts, il s’agit notamment du fait qu’il ait associé l’opposition à l’accueil des Lions suite à leur sacre à la coupe d’Afrique mais également à l’occasion de l’inauguration du nouveau stade de Diamniadio. Certains voient cela comme une manœuvre politique, d’autres estiment que c’est normal ».  D’ailleurs Me Ndiaye estime que c’est un fait tout à fait normal pour deux raisons. La première raison sur le plan traditionnel «  nous avons l’habitude d’entendre que le Sénégal est un pays de dialogue. A partir du moment où  nous constatons un pays de dialogue, nous pouvons convenablement comprendre qu’à certaines occasions que les gens puissent se retrouver. Nous devons aller au-delà comprendre qu’à chaque fois que la nécessité se fasse sentir, les acteurs politiques se retrouvent ». Et la deuxième raison est due au  fait que le Sénégal soit un pays démocratique, un Etat républicain. Et dans un Etat, il faut toujours faire la part des choses, distinguer ce qui relève de   la politique et ce qui relève de l’Etat. IL est vrai que le président de la République est un  acteur politique, il a une appartenance politique… Dans le même sillage il montre qu’en « droit constitutionnel il y a des moments forts et des moments faibles. En ces occasions, la nation toute entière est amenée à se retrouver autour de l’essentiel, les exemples n’en manquent pas. Le naufrage du bateau le Diola, nous avons tous souffert, on ne pouvait pas distinguer qui est de l’opposition ou du pouvoir. C’est la même chose qu’à l’occasion  de la victoire des Lions à la Can, on ne pouvait pas distinguer de cette liesse populaire qui était du pouvoir ou de l’opposition. Mieux encore personne ne pourra vous dire si Sadio Mané, Kalidou Koulibaly sont du pouvoir ou de l’opposition, ils sont des sénégalais » termine le nouveau maire  de Thiaroye-sur-Mer.

pub

Se réconcilier avec le peuple sénégalais pour une majorité à l’Assemblée

Selon toujours Ibrahima Bakhoum l’idéal pour Macky Sall serait de faire en sorte qu’une fois les  législatives passées, il n’y ait pas de cohabitation avec une Assemblée dominée par des gens qui ne  seront pas favorables à son Benno ou sa politique à lui. Mieux il est d’avis que le « Président  a besoin d’assurer ses arrières au moins jusqu’à 2024, au-delà je ne sais pas. Il n’y a pas d’intention  qui est clairement exprimée pour au-delà de 2024. Mais jusqu’à 2024 il a bien envie de  s’assurer une certaine stabilité dans la gouvernance, dans la manière de gérer le pays avec une Assemblée qui lui serait majoritairement favorable, c’est ce  qu’il recherche ». L’analyste politique estime que certains sont entrain de dire que si on va en 2024 dans une sorte de bipolarisation politique autour des noms, Ousmane Sonko ici, Macky Sall là, il n’est pas exclu que cette bipolarisation soit une menace pour le pouvoir de Macky Sall. Parce qu’il suffit en ce moment qu’Ousmane Sonko s’il n’a pas le soutien du PDS, de s’assurer que le PDS reste neutre. « Donc cette bipolarisation Macky n’en voudrait pas. Une des solutions c’est donc d’obtenir que… Comme en 2019, le PDS ne soit pas une gêne pour lui. Mais le PDS de 2019 n’est pas le PDS qu’on voit maintenant en termes de capacité de mobilisation, en termes d’électorat. On ignore complètement ce que le PDS représente parce que beaucoup n’ont pas voté en 2019  car Wade n’était pas dedans » martèle–t-il. D’ailleurs il ajoute pour les locales  le taux de participation était très faible, autour de 49% donc moins d’un électeur sur deux ont voté. Il y’a une masse critique à prendre pour les élections législatives et présidentielles qui vont venir.

« Il ne va pas prendre un risque. Donc Macky le sait, son camp le sait. Ils  sont entrain de manœuvrer pour ceux qui n’avaient pas voté pour des raisons X, on les ramène dans le jeu en leur montrant quelque chose qui les rassure mais que ces gens ne tombent pas dans le camp  de l’opposition » insiste M. Bakhoum. Cependant, il renseigne que du côté de l’opposition également  c’est le même calcul qui est en train de se faire. Donc Macky Sall se dit s’il a une occasion de montrer à tous les sénégalais qu’il est ouvert à tout mais surtout ouvert pour cheminer encore avec Wade, il est preneur. « Tout cela côte-à-côte on se retrouve dans un jeu d’ombre. Mais le Président Macky Sall a compris que la volonté qu’il eut pour totalement neutraliser le PDS ou Wade, ça n’a pas fonctionné non plus. Wade continue à avoir une capacité de nuisance. Cela veut dire que Wade pèse toujours dans l’arène politique. Mais ce que les autres vont en tirer en conséquence : est-ce que ça va affaiblir l’opposition, quand les gens vont se dire Wade et le PDS, on  ne peut plus leur faire confiance ; ils peuvent aller chez l’adversaire ».

Pour sa part  Abdoulaye Ndiaye a fait savoir  « A association nouvelle, comportement nouveau ! Le sport a quelque chose de grandiose, nous parlons moins politique, le Président a compris, il  a dit pourquoi pas ne pas en profiter pour faire en rappel des troupes de leur parti, au niveau de la coalition, s’ouvrir à l’opposition et autres forces vives de la nation. Tout cela peut se participer à un apaisement au niveau du pays et de renforcer sa coalition pour les prochaines étapes ».

Ramatoulaye

 

 

 

 

→ A LIRE AUSSI : Communiqué du Ministère des Affaires étrangères : la réplique du collectif des avocats d’Ousmane Sonko

→ A LIRE AUSSI : Darou Mouhty: Un garçon de 13 ans tué à coups de machette par son camarade

→ A LIRE AUSSI : Hommage à Serigne Same Mbaye, 24 après : Serigne Same, le conférencier

pub