Edward Gemayel, chef de mission du FMI : « L’économie sénégalaise a retrouvé en 2021 sa trajectoire de croissance d’avant la pandémie mais… »

En 2021, la croissance économique du Sénégal a dépassé les attentes. Cependant, le Fmi estime que les perspectives sont assombries par les probables répercussions de la guerre en Ukraine sur l’activité économique. Selon elle, il convient de garder le cap du programme de réformes pour renforcer la résilience de l’économie.
Une équipe des services du Fonds monétaire international (Fmi), dirigée par Edward Gemayel, a mené au Sénégal une mission hybride du 9 au 15 mars 2022. Cette visite du Fmi visait à dresser le bilan de l’évolution économique récente, évaluer les répercussions économiques de la guerre en Ukraine et des sanctions contre le Mali, et examiner la progression des réformes appuyées par l’instrument de coordination de la politique économique, l’accord de confirmation et la facilité de crédit de confirmation.
Selon Edward Gemayel, «l’économie sénégalaise a retrouvé en 2021 sa trajectoire de croissance d’avant la pandémie, grâce à la vigueur de la production industrielle et du secteur des services. La croissance du Pib réel est estimée à 6,1 % en 2021, soit environ un point de pourcentage de plus que prévu. L’inflation moyenne a été maîtrisée à 2,2 %, même si les prix des produits alimentaires ont augmenté de 2,9 %. Malgré des recettes fiscales inférieures aux attentes, l’exécution du budget a été, dans l’ensemble, en ligne avec les objectifs, avec un déficit budgétaire global de 6,3 % du Pib ».
Cependant, «la guerre en Ukraine assombrit les perspectives macroéconomiques. La hausse des prix mondiaux des produits alimentaires et de l’énergie s’ajoute aux défis actuels de la politique économique, y compris les séquelles de la pandémie, l’insécurité régionale et l’augmentation des revendications sociales à l’approche des élections législatives de juillet. Tous ces éléments accroissent les risques de ralentissement de la croissance économique et se traduiront probablement par une aggravation des pressions inflationnistes et une augmentation considérable des dépenses publiques », estime le chef de mission du Fmi.
D’après lui, «l’espace budgétaire du Sénégal s’est nettement rétréci avec l’augmentation soutenue de la dette publique au cours des dix dernières années, lié notamment à l’amplification des investissements publics. Comme les ressources sont limitées, il sera essentiel d’améliorer la mobilisation de recettes, de rationaliser et mieux cibler les subventions et de revoir l’ordre de priorité des dépenses, afin d’éviter de grands dérapages budgétaires et de préserver la viabilité de la dette », a-t-il plaidé.
Par ailleurs, «le renforcement de la résilience de l’économie dépendra de la poursuite de réformes structurelles clés, en particulier celles visant à accélérer la mise en œuvre de la stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme ; opérationnaliser le nouveau cadre budgétaire régissant l’utilisation des recettes tirées des hydrocarbures ; préparer une feuille de route pour l’élimination progressive des subventions à l’énergie, tout en améliorant le mécanisme actuel de protection des personnes les plus démunies et réviser le cadre juridique des marchés publics afin d’augmenter la fréquence des appels d’offres ouverts et concurrentiels.
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