Contribution – Sécurité routière : Quand le manque de discipline pourrit la fluidité des transports

L’actualité récente, qui nous a malheureusement plongés, en l’espace de moins de deux semaines, dans un insoluble émoi et une inatteignable tristesse à Sikilo et à Louga, avec un bilan macabre d’une soixantaine de morts et plus d’une centaine de blessés, nous renvoie tristement à un constat amer aux allures d’éternel recommencement. En effet, le fait que des accidents de la circulation aient coûté la vie à beaucoup parmi nos concitoyens, n’est en rien un phénomène nouveau.

Pratiquement chaque jour qui passe, l’on enregistre sur les routes du SÉNÉGAL des transports, des accidents d’une rare violence, avec des pertes énormes en vies humaines et des blessures d’une gravité inouïe, comme il en est le cas avec le drame de Sikilo et le malheur de Louga.

 

Comment cela se fait–il qu’il y ait autant d’accidents de circulation au SÉNÉGAL ?

Ne faudrait–il pas plus de sévérité quant aux sanctions pour le strict respect du Code ?

 

Manque de discipline et néantisation de la sacralité de la personne humaine

Comme un cantique que trop répété : automobilistes, camionneurs, usagers particuliers et populations s’accusent mutuellement sur les causes de ces multiples collisions, pendant que les autorités compétentes signeraient des deux mains pour apporter une solution à cette véritable énigme. En tout état de cause, cette recrudescence des accidents mortels sur les routes et autoroutes nationales dérange au plus haut niveau les autorités étatiques, émeut les populations qui en payent un lourd tribut, ainsi qu’elle apeure les organisations de la Société civile.

« La personne humaine est sacrée. Même l’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger », enseigne–t–on aux étudiants de 1ère année de Licence, dans le “ Cours de Droit des personnes et de leurs biens “. Est–ce que cette maxime est–elle respectée au niveau des routes ? Les gravissimes manquements ne sont–ils pas à chercher du côté des usagers – clients, conducteurs ou simples particuliers – plutôt que d’indexer l’État ? Aux heures de pointe, aux environs de 18 heures, c’est la débandade générale ! Appelé par le devoir, après une journée de travail bien remplie, aux fortunes diverses, tout le monde se précipite pour regagner la maison, afin de baigner à nouveau dans la quiétude familiale. L’instant se vit dans la fatigue, l’empressement et une bonne dose d’excès de zèle. Toutefois ici, les automobilistes ont très souvent du pain sur la planche, car la circulation est dense, très dense à pareille heure. C’est la porte à de très dangereuses manœuvres dans le dédale des routes auxquelles s’adonnent insouciamment les chauffeurs pour se frayer un passage, abstraction faite de tout respect du Code de la route. Parfois coincé dans un embouteillage monstre, rythmé d’un concert de klaxons, aucune règle de conduite n’est respectée et le sens de la priorité n’anime quasiment personne. Entre menaces, insultes, accrochages et accusations mutuelles, tous les moyens sont bons pour s’extirper de ce bouchon. Le tout est ainsi caractérisé : “ L’indiscipline sur les routes au SÉNÉGAL “.

Aux dires de cette gargotière, non loin du pont de la Foire, D.S, ces embouteillages interminables proviennent du non-respect du Code de la route. S’activant dans la préparation du repas de midi avant l’arrivée des clients, la trentenaire s’est empressée de livrer son point de vue à notre reporter qui l’a interrogée sur les accidents de circulation qui ne cessent de se multiplier, de jour en jour, et les embouteillages. « Il ne faut aller chercher loin pour déterminer les causes de ces nombreux accidents. Ils sont essentiellement le fait de conducteurs indisciplinés », a–t–elle vigoureusement imparti.

 

L’absence de mesures contraignantes à portée dissuasive : la base des accidents ?

Ce n’est qu’un secret supposé, en fait connu de tous ! En effet, la recrudescence des pertes en vies humaines, liées aux accidents de la circulation, ne cesse d’inquiéter les populations et, tout naturellement, les autorités étatiques et à juste titre d’ailleurs. De l’avis de cet Officier de la Gendarmerie nationale à la retraite, le Général Mansour NIANG, l’absence de sanctions conjuguée à l’indiscipline sur les routes sont assez déplorables. « L’indiscipline est à la base de tous ces accidents, aucune réglementation n’est respectée. La voiture est un outil extrêmement dangereux, extrêmement rapide et lourd. Son utilisation est assujettie à une réglementation très précise, très sérieuse et très stricte qui est le Code de la route. Ici au SÉNÉGAL, personne ne respecte le Code de la route », s’est crûment offusqué le Général NIANG.

Se targuant d’une portée largement dissuasive, les sanctions pourraient contribuer à la garantie irrécusable de l’assagissement de nombre d’usagers, qui seraient ainsi contraints de se tenir à carreaux, voire faire preuve de grande responsabilité. Abordant les sanctions qui siéront en toute urgence, le Général Mansour NIANG, en retraite, dira purement et simplement : « Il faut voir le nombre d’infractions sur les routes simplement, si elles étaient sanctionnées, il y aurait moins d’accidents. Le Code de la route interdit le dépassement sur les passage-piétons, les motos dépassent sur les passage-piétons et c’est une infraction très grave. C’est réservé exclusivement aux piétons et elles s’y engouffrent à tout moment. Et surtout éviter de dépasser un véhicule, qui laisse passer des piétons, ça peut créer des accidents mortels. Et j’ai demandé aux gendarmes et aux policiers s’ils en relèvent, mais personne ne relève ça », s’est littéralement désolé le Général en retraite, la mort dans l’âme.

 

Quand l’hécatombe de Sikilo et de Louga rappelle une pertinente analyse…

Pour 16.000.000 d’habitants, plus de 600 morts par année dans des accidents de circulation, cela fait froid dans le dos ! Ainsi, le membre de “Laser International“, Awa SARR, recommandait comme solution, « le respect du Code de la route. La 2ème solution, c’est l’application de toutes les dispositions et les dispositifs réglementaires. Que tout le monde aille changer son permis et tous les autres titres de transport et pouvoir respecter le dispositif du véhicule, qu’il soit en état de rouler, mais également de respecter les dispositions qui font que la route se partage ! C’est un devoir de citoyen de respecter les dispositifs mis en place par l’État pour la Sécurité routière », avait–elle confié, comme proposition pour solutionner cet épineux problème des accidents de circulation !

Et, dans la lancée, Mme SARR de poursuivre à propos de l’hécatombe sur les routes, en rappelant clairement que « la moyenne sur les trois dernières années est de 550 morts sur les routes. Nous sommes vers 600 morts par année et c’est excessif […] Nous lançons un appel à tous les citoyens pour leur dire que la route n’est pas un espace de violence, mais un espace de partage ».

A l’intention des Forces de défense, elle proposait une étroite collaboration avec les populations, afin que la stricte application de la loi sur les routes soit de mise, au plus grand bonheur de tous les usagers en particulier et des populations sénégalaises, de façon générale.

 

Moussa LOME