Contribution : « Alioune Tine et Seydi Gassama, vous défendez les brûleurs plutôt que les brûlés », Abdoulaye S. Sow !

Amnesty international de Seydi Gassama et AfrikaJom Center d’Alioune Tine soutiennent un combat partisan, par la promotion de mouvements anti-démocratiques qui ont comme seuls moyens la manipulation, l’invective et la violence au détriment de la stabilité, du dialogue et des urnes. Il est de notre devoir de leur rappeler que la défense de la République est le préalable à toute autre considération.

 

La générosité propre aux vrais militants des Droits de L’Homme est aux antipodes de l’indignation sélective, du secours intéressé et de l’émotion arrangée. Depuis qu’Ousmane Sonko fait face à ses responsabilités pour l’ensemble de son œuvre, un serpent de mer parcourt l’opinion, une idée entretenue par les nouveaux rentiers de la tension, qui voudrait faire croire que le Sénégal serait le nouveau laboratoire expérimental de déni des droits humains. C’est un refrain trop ressassé pour susciter l’étonnement, une musique trop entendue pour justifier une quelconque remise en cause de la certitude partagée par une majorité de Sénégalais que l’ouverture d’une information judiciaire contre le maire de Ziguinchor et la dissolution du Pastef sont la meilleure nouvelle qui soit arrivée à la démocratie sénégalaise depuis des années.

Dans une démarche de prophylaxie de la manipulation, il nous est impérieux de remettre les choses à l’endroit, d’autant que jamais la vaccination contre la mystification ne sera de trop au Sénégal tant que le fondateur de AfrikaJom Center, Alioune Tine, et Seydi Gassama (Amnesty International) seront à la manœuvre. En effet, une grande imposture consiste, quand un sujet intéresse la Collectivité, que des acteurs censés incarner l’impartialité et la défense des causes justes, omettent volontairement toute la chronologie justifiant les postures des personnes impliquées, les conséquences des choix des uns et des autres et, conséquemment, la prise de leurs responsabilités par les acteurs interpellés, pour ensuite condamner ceux qui ont assumé leurs responsabilités pour défendre l’intérêt général.

 

Pensées aux victimes du bus TATA

Pour résumer, Ousmane Sonko, citoyen à l’instar des 17 millions de Sénégalais, a encore maille à partir avec la Justice de son pays, car sa responsabilité est présumée engagée dans une série d’actes qui nous ont menés au bord du précipice. Une revue objective des malheureux événements qui ont bouleversé notre pays ces deux dernières années, tous à l’instigation d’un opposant qui, lui, ne dédaignerait pas marcher sur des cadavres pour arriver au pouvoir, confond ces « droits-de-l’hommistes » dans leur choix de le défendre, en dépit de toutes ses turpitudes. Comme nous vous le disons depuis toujours, MM. Alioune Tine et Seydi Gassama, ce n’est pas parce que les appels à l’insurrection n’ont pas commencé avec l’ex-Pastef qu’il faut admettre la banalisation de la violence politique en 2023.

Comment se portaient vos indignations lorsque « les détenus politiques » d’aujourd’hui appelaient à entraîner des jeunes et à les armer, afin qu’ils s’attaquent aux Forces de Défense et de Sécurité ? Étiez-vous hors réseaux lorsque ces détenus « politiques » appelaient à traîner le Président de la République du Sénégal démocratiquement élu du Palais de la République à la place publique pour « le découper » comme ce fut le sort de Samuel Doe au Libéria en Septembre 1990 ? Le Sénégal n’a pas fini de s’apitoyer sur le triste sort de deux de nos jeunes compatriotes, innocentes et à la fleur de l’âge, brûlées vives le 1er Août 2023.

Alioune Tine et Seydi Gassama, aviez–vous été émus par le sort des passagers du bus Aftu de la ligne 65 à Yarakh violemment pris à partie par des « manifestants » qui leur auraient reproché de « mener leurs activités normales » au moment où ils exprimaient leurs mécontentements, comme a pu en témoigner la victime Farma Fall, 73 ans sur la TFM ? Avez-vous pensé prendre des nouvelles des victimes de cet attentat ? Pour votre gouverne, il s’agit de Boubacar Baldé, de Diamaguène et âgé de 35 ans, Farma Fall habitant à Yarakh, de Modou Gueye, 60 ans de Keur Massar, de Sounkari Camara (11 ans de Yarakh) et de Khady Sarr (41 ans et habitant Colobane).

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Vous passez sous silence volontairement l’attentat du bus Aftu de Yarakh pour défendre ceux qui appellent au coup d’État et à la déstabilisation de notre modèle démocratique. Je m’attendais à ce que vous portiez la voix des familles des victimes, de ceux qui ont vu leurs biens détruits et calcinés. Je m’attendais à ce vous portiez la voix pour défendre notre modèle républicain éprouvé qui garantit la pluralité du débat, des élections transparentes et des alternances, mais vous préférez défendre les poseurs de herses, les lanceurs de cocktails Molotov, les brûleurs de bus et leurs commanditaires encagoulés au détriment de ce que nous avons de meilleur : la capacité au dialogue et au renoncement. Il est clair aux yeux de tous que Amnesty international et Afrikajom center privilégient un combat politique partisan par la promotion de mouvements anti-démocratiques qui ont comme seuls moyens la manipulation, l’invective et la violence au détriment de la stabilité, du dialogue et des urnes.

Croire en la République est une posture permanente qui vise à nous unir et à nous libérer par les forces de l’intelligence, de la solidarité, du respect de la vie d’autrui et de la fraternité. Elle est, comme le disait Jean Jaurès, un grand acte de confiance « dans la capacité de tous les citoyens à user de leur raison pour délibérer ensemble sur leur avenir commun ». Et nous ajoutons, avec la seule voie des urnes pour les départager. C’est sur ce chemin que vous êtes attendus, MM Alioune Tine et Seydi Gassama, pas dans la représentation des situations selon le sens de vos intérêts.

 

Défendre la République

On attendait de vous une vraie défense du Droit des Sénégalais à vivre en paix, à gagner leur vie dans la quiétude et, surtout, à choisir leurs dirigeants comme ils l’entendent, et surtout pas avec le couteau sous la gorge. On attendait de vous que vous disiez de vive voix depuis vos promontoires moralisateurs que Ousmane Sonko et ses ouailles sont les instigateurs d’un projet insurrectionnel qui aurait porté un coup fatal à notre héritage démocratique. On attendait que vous disiez que ses appels à la violence, au meurtre contre le Chef de l’État, aux attaques contre les Forces de l’ordre sont réprimés par nos lois et que lui Ousmane Sonko ne devrait point s’attendre à un soutien de votre part, car je m’imagine qu’avant les droits de l’Homme, la défense de notre cohésion nationale et du Sénégal primait sur tout autre considération. On attendait de vous, enfin, que vous adaptiez vos positions à la vraie vocation humaniste des Droits de L’Homme : défendre l’opprimé contre le puissant.

Entre Ousmane Sonko et la dame Adji Sarr, qui était, le fort, qui était le faible ? Face à des malabars encagoulés et armés de couteaux, les frêles passagères du fameux bus Tata étaient–elles les plus fortes ? Quand par le fait d’Ousmane Sonko, des commerces bâtis par des économies d’une vie entière sont réduits en cendres, qui est le fort, qui est le faible ? Quand l’électeur anonyme n’ose plus exprimer son opinion de peur de subir les foudres verbales (et plus si nécessaire) des troupes guerrières de Ousmane Sonko, qui a le plus besoin d’un défenseur de ses droits ? Assumez que vous avez choisi de défendre un dangereux populisme qui s’oppose par essence au régime républicain.

La République organise un régime électif sous l’empire du droit ; le populisme de votre ami Ousmane Sonko substitue aux lumières républicaines de la raison l’éclat démagogique de la passion et de la haine. Depuis 2020, notre démocratie fait face à l’un de ses plus grands défis : refuser que de vrais ennemis de la démocratie arrivent à leurs fins par la voie démocratique pour justement mettre un terme à notre processus démocratique. C’est subtilement que vous refusez de prendre en compte cette dimension des actes d’Ousmane Sonko et de sa branche armée.

Le glissement que vous soutenez est tel que la raison et la tolérance pourraient ne plus être la musique de notre démocratie, car pouvant être supplantées par le mensonge. Nous devons défendre notre devise républicaine afin qu’elle conserve sa vocation inclusive : un Peuple, un But, une Foi. Vous avez choisi de défendre les fossoyeurs de la République et nous, nous avons fait le serment de la défendre.

 

Abdoulaye Saydou SOW

Ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène Publique

Maire de Kaffrine, Responsable régional de l’Apr