Chez les Irakiens, la mort de Colin Powell réveille des souvenirs amers
Avec notre correspondante à Bagdad, Lucie Wassermann
Le discours de Colin Powell prononcé devant le Conseil de sécurité des Nations unies a marqué les esprits en Irak. Celui qui était alors secrétaire d’État américain devait présenter les preuves de l’existence d’armes de destruction massives dans le pays. Mais il s’est surtout révélé un mensonge d’État qui a conduit à une guerre particulièrement sanglante, se souvient Nahla, 56 ans :
« Son rapport présenté devant l’ONU a poussé George Bush Jr. à envahir l’Irak. Alors je me demande aujourd’hui si son âme rencontrait les âmes de centaines de milliers de victimes irakiennes, il leur demanderait sûrement pardon, mais est-ce qu’elles lui pardonneraient ? Je ne suis pas sûre de ça. Ce dont je suis sûre, par contre, c’est que sa réputation sera ternie à jamais. »
Des années plus tard, Colin Powel qualifiait lui-meme son discours d’une « tache indélébile » sur sa carrière et sa réputation.
À plusieurs reprises, il a exprimé ses regrets publiquement, et a affirmé qu’il ne croyait pas lui-même en ces preuves qu’on lui avait demandées de présenter devant l’ONU.
Ahmed, 34 ans, ne lui en tient pas rigueur : « Colin Powell était un membre du gouvernement. Il n’est pas responsable selon moi de tout ce qui s’est passé en Irak ensuite. Ce n’était qu’un employé. »
Reste qu’avec ce discours, Colin Powell est devenu l’un des acteurs de cette guerre en Irak, dont les conséquences sont toujours bien visibles aujourd’hui.