Chez les Irakiens, la mort de Colin Powell réveille des souvenirs amers

Alors que les hommages affluent pour le général Colin Powell, décédé du Covid-19 ce lundi 18 octobre, l’Irak a des souvenirs plus amers de l’ex-secrétaire d’État. Dans son discours en février 2003 devant le Conseil de sécurité des Nations unies, il devait présenter les preuves de la présence d’armes de destructions massives en Irak. Mais aucune arme n’y a été retrouvée. Dix-huit ans plus tard, les Irakiens vivent toujours les conséquences de son « mensonge d’État ».

Avec notre correspondante à Bagdad, Lucie Wassermann

Le discours de Colin Powell prononcé devant le Conseil de sécurité des Nations unies a marqué les esprits en Irak. Celui qui était alors secrétaire d’État américain devait présenter les preuves de l’existence d’armes de destruction massives dans le pays. Mais il s’est surtout révélé un mensonge d’État qui a conduit à une guerre particulièrement sanglante, se souvient Nahla, 56 ans :

« Son rapport présenté devant l’ONU a poussé George Bush Jr. à envahir l’Irak. Alors je me demande aujourd’hui si son âme rencontrait les âmes de centaines de milliers de victimes irakiennes, il leur demanderait sûrement pardon, mais est-ce qu’elles lui pardonneraient ? Je ne suis pas sûre de ça. Ce dont je suis sûre, par contre, c’est que sa réputation sera ternie à jamais. »

Des années plus tard, Colin Powel qualifiait lui-meme son discours d’une « tache indélébile » sur sa carrière et sa réputation.

 
« Ce n’était qu’un employé »

À plusieurs reprises, il a exprimé ses regrets publiquement, et a affirmé qu’il ne croyait pas lui-même en ces preuves qu’on lui avait demandées de présenter devant l’ONU.

Ahmed, 34 ans, ne lui en tient pas rigueur : « Colin Powell était un membre du gouvernement. Il n’est pas responsable selon moi de tout ce qui s’est passé en Irak ensuite. Ce n’était qu’un employé. »

Reste qu’avec ce discours, Colin Powell est devenu l’un des acteurs de cette guerre en Irak, dont les conséquences sont toujours bien visibles aujourd’hui.