Bocar Sadikh Kane, président du mouvement “M2P/Yamalé“ : « Si c’était d’autres pays, après son discours Ousmane Sonko se retrouverait en prison mais… »

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Ancien député–maire de Guédiawaye sous Wade et président du Mouvement “M2P/ Yamalé“, Bocar Sadikh Kane  a parcouru l’actualité dans l’espace public du Sénégal. Cet allié de Macky Sall, qui a rejoint la mouvance présidentielle en 2019, n’a pas raté le leadeur de l’opposition Ousmane Sonko qui, selon lui, après son discours de Keur Massar, si c’était dans un autre pays, il serait en prison !

Entretien… !

 

Vous êtes responsable politique à Guédiawaye et ancien maire de la ville. Aujourd’hui quel est votre situation politique ?????

– J’ai une expérience politique qui date de plus de 30 ans. Etant très jeune nous avons  accompagné le Président Abdoulaye Wade. Bien avant qu’il ne soit Président de la République, j’ai eu un premier mandat de député, après j’ai été maire de la ville de Guédiawaye. Après 2012, comme je n’avais pas de mentor en dehors d’Abdoulaye Wade et je ne me retrouvais pas dans le dispositif, j’ai créé un mouvement. En 2017, le mouvement a intégré la coalition “Osez l’avenir“ et nous sommes allés aux élections législatives avec Me Aïssata Tall Sall, depuis lors, on chemine ensemble mais chacun a son spécificité et depuis l’année dernière, nous avons décidé de remettre les rails pour la massification du mouvement au niveau national et international.

 

Pourquoi vous avez tourné le dos au PDS

– Non, vous savez le PDS après 2004, il y a eu beaucoup de problème dans le Parti. Je faisais partie de ceux–là qu’on taxait de “pro Idy“ et il n’en était rien du tout. C’était des membres du Parti qui écartaient certains et acceptaient d’autres. Par ma nature, je ne suis pas quelqu’un qui vient faire des génuflexions devant des responsables politiques, pour obtenir des extra pontins. Lorsqu’on m’a taxé de “pro Idy“, je suis resté moi-même et je n’ai eu que le minimum dans le Parti. Comme je n’avais de mentor, en dehors d’Abdoulaye Wade, je ne me retrouvais plus dans le dispositif ; donc je me suis frayé mon propre chemin, qui m’a mené là où je suis aujourd’hui.

 

Pouvez–nous dire un peu de votre mouvement… !

– Le mouvement pour la prospérité du peuple “M2P/ Yamalé“  est né en 2017. C’est un parti politique qui est reconnu et nous avons notre spécificité et nous sommes d’audience libérale, nous avons une culture libérale. Nous avons travaillé avec la coalition Osez l’avenir lors des élections législatives et j’ai 2ème sur la liste nationale. C’est la raison pour laquelle Aïssata a rejoint la mouvance présidentielle en 2019, nous sommes allés ensemble. Nous avons négocié avec le Président de la République. Depuis lors je suis conseiller au Président de la République. Depuis lor,s je travaille avec la mouvance présidentielle, mais aussi renforcer mon mouvement pour aider le Président et continuer en terme de suffrages, quand il y aura des élections.

A Guédiawaye la coalition l’opposition Yewwi Askan Wi semble avoir pris le dessus, selon vous qu’est ce qui explique cela ?

– Je n’ai pas tous les  éléments d’analyses qui me permettent de justifier leur victoire. Mais ce don je suis persuadé, c’est que la division du Parti principal de la coalition “Benno“, les clans, les problèmes internes au sein du Parti majoritaire ont beaucoup contribué à notre défaite. Ceci est valable pour les élections locales et les élections législatives. C’est un constat que nous avons fait, eux-mêmes l’ont fait. En ce qui nous concerne, nous les alliés du Président, nous avons été dans une posture de travailler pour que la coalition gagne. Nous avons donné le maximum de nous-même. Maintenant, quand le Parti majoritaire traverse des difficultés internes, des problèmes de positionnement, certains ont sanctionné d’autres pendant les Locales, d’autres se sont vengés pendant les Législatives. Mais, nous ne désespérons pas de nous retrouver et taire les querelles et de travailler pour le Parti.

 

Aliou Sall remplacé par Ahmed Aïdara, pensez-vous que ce dernier peut redresser la ville ???

 

– Je suis conseiller municipal à la ville de Guédiawaye. Il a été élu maire, il ne m’appartient de juger son travail, ses compétences ou ces manquements. Dans un premier temps, je pense qu’il a le devoir d’écouter, d’apprendre et puisqu’il a la chance d’avoir dans ces cotés trois anciens maires (Aliou Sall, Cheikh Sarr, Bocar Sadikh Kane) et deux à trois anciens maires de communes. IL a toute la crème politique de Guédiawaye dans son Conseil municipal, il a toutes le chances de pouvoir prendre des conseils auprès de ces anciens maires et de travailler pour l’intérêt de Guédiawaye. Il n’a jamais été conseiller municipal, il a son mouvement, il a la chance d’être élu maire, nous lui souhaitons bon vent pour l’intérêt de Guédiawaye.

Quel bilan vous lui tirez, depuis qu’il a pris les commandes de la mairie de Guédiawaye ???

 

– Quelque part je le dis c’est un peu lent. Je ne suis pas d’accord, les maires c’est extrêmement difficile, complexe… Quand on est dehors, qu’on apprécie c’est tellement facile, mais une fois qu’on a la commande, on se rend compte que d’abord, que les moyens sont sans commissures avec les besoins exprimés. Il arrive très souvent qu’on est devant les situations auxquelles qu’on pourra faire face ça qu’on soit au Parti du pouvoir et qu’on soit de l’opposition c’est la même chose. Les Collectivités locales n’ont pas les moyens de leurs ambitions, c’est une réalité. Les quelques rares mairies qui ont des moyens, c’est les mairies de la ville de Dakar et les autres capitales régionaux ; dans une moindre mesures Pikine a quelques moyens. Mais les autres mairies n’ont les moyens de leur ambition. Ça va être un peu compliqué pour Ahmed Aïdara. Depuis l’acte 3 de la Décentralisation, les villes ont été dépurées de beaucoup de moyens. Les moyens sont concentrés au niveau des Communes. Les Communes devaient reverser une partie de leur moyens à la ville et ça ne se fait pas et ce n’est pas avec cette équipe qui vient de s’installer c’est depuis l’avènement de l’acte3, les mairies d’arrondissement ne versent plus les mairies villes, ce qui fait un grand handicap.

 

La coalition Bby au niveau de Guédiawaye semble voler en éclat, avec des leadeurs, chacun va de son coté, à qui profite ???

 

– Ça, ce n’est pas au niveau de Guédiawaye ! Il a voulu créer quelque chose pour travailler au niveau national et à la Diaspora. Cela n’enlève en rien son leadership au niveau de Guédiawaye, c’est lui le Coordonnateur de la coalition “Benno“. Ce n’est pas seulement à Guédiawaye, en général les Partis au pouvoir, y a tellement de convoitise, de tiraillement, ce qui fait parfois que ça fragilise un peu. Ce qui s’est passé pendant les Locales, les Législatives, ça doit servir de leçon à tout le monde. Notre existant politique, que ce soit l’APR ou les alliés, dépendra de notre capacité de dépassement, d’unité réelle et sincère ; qui permettra au Président de travailler et de poursuivre ces ambitions.

3ème mandat, selon vous le Président de République peut être candidat en 2024 ??

 

– Nous sommes des alliées du Président, nous ne sommes pas de l’APR. Moi j’ai le mouvement “MPT/Yamalé“, qui est sous une coalition, “Osez l’Avenir“, nous avons rejoint le Président en 2019. Depuis lors, nous cheminons avec lui et nous sommes avec lui dans la sincérité la plus absolue. Maintenant nous acheminons vers d’autres joutes électorales. Il ne s’est pas encore prononcé là-dessus. Peut-être, les membres de son Parti peuvent prendre leurs devants, dire ce qu’il pensent ou exprimer leur souhait, ce que certains sont en train de faire. Mais nous en tant que alliés, nous n’avons pas encore de position claire. On est avec le Président, il a un mandat en cours, on l’accompagne. Un jour viendra, où on se mettra au tour d’une table pour discuter de la candidature. Pour le moment, rien n’a été clarifié et décidé.

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Comment expliquerez-vous cette percée du leadeur du Pastef dans l’espace politique sénégalais ???

 

– Vous savez, nous sommes dans un pays qui a une culture démocratique depuis très longtemps. Quand nous étions dans l’opposition nous avions eu des mouvements de foules beaucoup plus importantes de ce qui se passe actuellement. Peut-être, les gens sont beaucoup plus amnésiques. C’est dans l’ordre normal des choses, il faut qu’il ait un pouvoir et une opposition. Ousmane Sonko est là, il fait son chemin, d’autres sont là aussi.

 

Sa mobilisation à Keur Massar , quelle interprétation faites-vous ??

 

– Ce que j’ai vu à Keur Massar, c’était nationale, ils ont fait venir des gens partout au Sénégal. Contrairement au meeting qui a eu lieu au “terrain CFA“, à Pikine ; même les alliées n’étaient pas là-bas, c’est les responsables de l’APR de la Commune de la banlieue.

 

Mais nous avons vu des images des personnes qui disent que chacun a reçu une somme de 5.000 francs CFA pour aller au meeting. Qu’est-ce que tu réponds sur ça ??

 

– Ça c’est du tac. Vous savez la politique au Sénégal, les gens essayent toujours de trouver des alibis pour contrecarrer tel ou tel. Les gens essayent toujours de trouver des moyens pour contrecarrer les actions. C’est-à-dire, on nous met en place de ce qui est mauvais, on ne fait jamais voir ce qui est bon. La mobilisation du dimanche était une grande réussite, ce n’était pas une mobilisation régionale, ni une mobilisation nationale.

 

Votre analyse sur le discours de Sonko ??

– Nous avons reçu une éducation politique on peut être des adversaires, mais on franchi jamais un rideau qui nous amène vers des propos qui peuvent amener des propos dans le pays. Je ne suis pas de ceux qui pensent que le discours d’Ousmane Sonko est le bon discours, parce que quand tu aspires à diriger un pays, il faut avoir de la retenue, savoir raison garder ; tu n’es pas un citoyen qui peut se permettre de dire n’importe quoi parce que l’Etat c’est sacré, l’Etat c’est quelque chose d’extrêmement important ! Quand tu aspires à diriger un pays, il y a des mots politiques que tu ne dois  pas prononcer. C’aurait été dans un autre pays, si tu avances des propos pareils, tu te risques de te retrouver en prison, pour “ appel à l’insurrection, déstabilisation des Institutions “. Mais on est au Sénégal la tolérance est là ! En réalité, “son discours n’est pas un bon discours“ pour quelqu’un qui aspire à diriger le Sénégal.

 

Et la réponse d’Amadou Bâ, ce n’est pas une menace ???

– C’est une réponse politique c’est-à-dire si, lui (Ndlr : Ousmane Sonko), qui aspire à être Président de la République, se permet de dire aux gens “Macky, dinama ray walla ma rayko ! “, alors que lui, n’a pas affaire avec Macky, il a affaire avec la Justice.

 

L’affaire “Adji Sarr“  et “Mame Mbaye“, pensez–vous que la procédure est respectée et qu’il n’y a rien de politique ??

 

– Pour le “problème d’Adji“, je fais partie de ceux qui pensent que cette affaire-là, même si ces adversaires politiques l’ont utilisé, mais c’est qui lui n’a pas été prudent, même s’il a été piégé. S’il était resté chez lui, s’il n’était pas parti dans ce milieu-là, on ne l’aurait pas accusé de ces choses-là. Donc personne ne lui a donné un bélouga sur le temple, pour lui dire d’avancer et d’aller là où il est allé. Pour l’affaire “Mbaye Niang, quand tu es un responsable à ce niveau,s, quand tu accuse il faut avoir les preuves de ce que tu dis ! Mais, quand tu accuses une fois, tu confirmes, on te porte plainte tu dis que tu as confondu “IGE“ et “IGF“… Quand les choses s’annoncent et ça reste de loin, on te parle de rapport tu dis je l’ai vu sur l’Internet, ce n’est pas sérieux ! A un niveau de responsabilité, soit tu as toutes les preuves de tes propos ou bien tu n’as pas toutes les preuves, tu te tais, c’est simple ! Pour les deux cas de figure, moi je dis qu’il a tort sur toute la ligne… Avec son statut, il n’a pas le droit de se permettre certains errements. Je ne vais entrer dans les détails, parce que je ne suis le juge, s’il a fait, s’il n’a pas fait, ce n’est pas mon problème ; mais c’est les actes qu’il a posésn en tant que candidat à la “Présidentielle“, comme il l’a si bien dit, qui ne vont pas le conforter à ce qu’il aspire à devenir être.

 

Et le complot avancé par ce dernier, d’autant plus qu’on voit que des audios sortent, des noms des responsables politiques de l’APR sont cités ??

 

– Ce n’est pas un complot, mais il a failli et les adversaires ont exploité ça, parce que lui aussi, quand il voit des failles il exploite c’est tout ! C’est de la politique ! Il devait avoir une posture telle que les gens ne pourront pas exploiter ces failles dans ce domaine. Maintenant, si la Justice se met en branle et il est blanchi, c’est bon, c’est ce que je lui souhaite !

 

Qui est votre candidat à la présidentielle de 2024 ?

– Actuellement, on ne va pas très vite en besogne, on est là on attend ! Ce n’est pas pressé, le Président ne s’est  pas encore prononcé pour sa candidature. Comme nous sommes des alliés fidèles, c’est le Président qui est le maître à bord et 2024 c’est bientôt… !

 

Quelle analyse faites-vous sur le livre de Cheikh Yérim Seck ?

– Le livre de Cheikh Yérim Seck, j’ai lu quelques passages bon ! Yérim c’est un journaliste, vous faites des analyses parfois ça dépend ! Il a écrit, les gens ont lu et chacun interprétera comme il veut. En fait, Cheikh Yérim, c’est Cheikh Yérim ; ce n’est pas maintenant qu’il a commencé tout le monde connait son style, il a une bonne carte de visite il faut lui reconnaitre ça ! Je ne dis pas que tout ce qu’il dit, c’est vrai, mais de toute façon je sais qu’il est bien informé ! D’ailleurs il n’a épargné personne ni le régime, ni Ousmane Sonko…

 

Quelle lecture faites-vous sur le rapport de la Cour des Comptes sur la Covid–19 ?

– Dans un pays comme le Sénégal, il a donné le tempo pour dire qu’il est une bonne gouvernance, la réédition des comptes, il faut que les deniers publiques soient protégés, qu’il y ait une équité. Lui, il travaille dans ce sens. Maintenant, qu’il y’ait quelques errements, ce ne peut manquer à l’Etat à bonne gouvernance. Ce que je sais, le Président a la volonté pour qu’il ait y ,une bonne gouvernance, la transparence que les deniers publics aillent là où ils doivent aller et que les Sénégalais se sentent impliqués et qu’ils sentent les retombées dans la croissance.

Maintenant, c’est comme dans une famille, il y a des brebis ,galeuses qui ne peuvent pas suivre le tempo. Les gens ont amplifié… Certes, il y a eu des manquements, quelques malversations, c’est comme si on avait détourné tout l’argent du Covid–19. On a été félicité par le Comité international par l’Action de la Gestion efficace au niveau du Sénégal…

 

 

 

 

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