Bamboula à la SICAP : Des centaines de millions gaspillés par le DG Ibrahima Sall et Cie entre 2014 et 2018
La Cour des comptes a encore publié 30 nouveaux rapports ce vendredi 10 mai. Parmi ces rapports, figure celui de la Société immobilière du Cap-Vert (SICAP) à sa tête l’ancien Directeur général, Ibrahima Sall. La Cour des comptes fait état d’un grand Bamboula sous sa direction de 2014 à 2018 avec certains de ses collaborateurs. Le candidat recalé à l’élection présidentielle 2024, leader du parti MODEL, ne s’est pas montré en modèle, suite au constat d’une très mauvaise gestion par les contrôleurs de l’administration.
Durant la période sous revue (2014-2018), les fonctions de Directeur général de la SICAP SA sont exercées par Monsieur Ibrahima SALL, nommé par décret n°2012-1265 du 8 novembre 2012. Il a été remplacé à ce poste en octobre 2019 par Monsieur Mamadou KASSE.
Dons et subventions
Sous la direction de Ibrahima Sall, le rapport de contrôle sur la SICAP de 2014 à 2018 a relevé que des dons et subventions qui s’élèvent à un montant cumulé de 703 456 450 FCFA ont été abusivement accordés par la SICAP. Il est relevé que ces dons et subventions sont destinés notamment à des responsables politiques, à des chefs religieux, à des communicateurs traditionnels et à des artistes, pour des motifs sans rapport avec l’objet social de la société. Les motifs mentionnés sur les demandes renseignent à suffisance sur le caractère abusif des dons et subventions, à titre d’exemples : soutien à Pape Diouf pour organisation Grand Bégué, appui pour journée de prières de l’Assemblée nationale, subvention journées culturelles Association Gossas Emergent, aide financière pour des jeunes talibés endettés, soutien pour organisation Ndogou Ramadan, soirée Association des Femmes de la LONASE. Des particuliers étaient également bénéficiaires de ces dons et subventions durant cette période.
Frais de missions et déplacements injustifiés
Il a été constaté que des frais de mission à l’étranger pour un montant cumulé 42 170 000 FCFA sont réglés alors que les ordres de mission ne sont visés ni au départ, ni à l’arrivée. Mais aussi que des frais de mission ont été réglés sans que les pièces justificatives de ces dépenses, notamment l’ordre de mission visé, ne soient produites, montant cumulé 16 120 000 FCFA.
Il est relevé que des missions à l’étranger sont régulièrement effectuées par le Directeur général et le Président du Conseil d’administration avec pour seul motif indiqué sur les ordres de mission : « Rencontre avec des partenaires ». Hormis les ordres de mission, du reste non visés au départ et à l’arrivée, aucun document attestant que l’exécution de ces missions n’a été produit : ni termes de référence, ni invitation, ni compte rendu de réunion, ni rapport de mission. Il est également constaté une récurrence de ces déplacements injustifiés.
Dépenses indûment qualifiés de sponsoring
Ibrahima Sall a été également épinglé pour des dépenses indûment qualifiés de sponsoring. En 2015, selon la Cour des comptes, il a versé près 13 millions au MEDS de Mbagnick DIOP qui l’a nominé au CAURIS D’or.
En effet, suite à une lettre du Président du Mouvement des Entreprises du Sénégal (MEDS), Monsieur Mbagnick DIOP, en date du 24 avril 2015, informant le Directeur général de la SICAP SA de la nomination de la société au titre des cauris d’or dans la catégorie des entreprises les plus performantes, il a été versé à cette entité, au titre de frais de sponsoring, un montant de 11 800 000 et un autre de 1 180 000 FCFA, soit au total 12 980 000 FCFA.
Logements à tarif préférentiels pour la SICAP
La cour des comptes reproche également au DG de s’être attribué lui-même deux logements à tarif préférentiels dans différents projets de la SICAP, à savoir Sacré-Cœur et Sicap-Keur-Gorgui. Un terrain viabilisé à bâtir (TVB) lui a également été cédé, toujours à conditions préférentielles, sur le site de KeurGorgui, d’une superficie de 596 m2pour un prix de cession de 45 319 646 FCFA.
Aussi, plus 30 agents de la SICAP, en plus de bénéficier de logement à des taux préférentiels, ont été attributaires de plus d’un logement. De surcroît sans qu’ils n’honorent leurs engagements contractuels. Une bonne partie d’entre eux accuse des retards de paiements significatifs, révèlent les contrôleurs de l’administration.
Achats de véhicule par les cadres
Dix sept (17) directeurs et chefs de services se tapent un plan auto d’un montant cumulé 112 495 891 FCFA. Ces véhicules, acquis en grande partie grâce au concours financier de la SICAP (contribution de 40%), restent néanmoins la propriété des bénéficiaires du plan, ce qui ne garantit pas la préservation des intérêts de la société.
Des objectifs inachevés
Sur un objectif de 11 000 unités d’habitation en 5 ans, la SICAP n’a produit que 3 542 unités. Mais aussi un Faible niveau d’exécution des programmes d’investissement et les longs retards constatés dans la réalisation des travaux de construction. Des centaines de millions ont été dépensés sur des projets à l’arrêt (SICAP TOUBA, SICAP SALY, SICAP DIASS, SICAP Bambilor).
Prêt non soldé par un agent démissionnaire
La SICAP a enregistré en 2016 provision d’un montant de 12 113 248 FCFA, pour constater la perte probable d’un prêt consenti à l’agent de matricule 1227, Monsieur Tanor DIOP, d’abord placé en disponibilité puis démissionnaire. Les pièces et documents attestant que la SICAP a engagé toutes les diligences requises pour amener l’agent en question, lors de son départ de la société, à solder son compte, n’ont pas été produits, constate la cour des comptes.