Après la Russie, la Turquie invitée à jouer un rôle dans la stabilisation du Mali.

59440183 43683185

Le Mali continue de ratisser large pour combler le vide que laissera Barkhane dont le retrait est annoncé par le président français. Après avoir fait appel à un groupe paramilitaire russe sur fond de  contestation de Paris et de ses alliés occidentaux, le gouvernement de la transition invite un acteur international à jouer un rôle dans la stabilisation du pays en proie à une insurrection djihadiste depuis 2012.

Dans un entretien avec le correspondant de l’agence Anadolu, Choguel Maïga, en marge de sa participation à la célébration de la journée mondiale du Coton à Genève, a déclaré que le Mali avait besoin du soutien de la Turquie dans la lutte contre les groupes terroristes, en soulignant que les objectifs que les interventions étrangères s’étaient fixées n’ont pas été atteints. 

Cette nouvelle déclaration du Premier ministre de la Transition intervient dans un contexte de tension diplomatique entre le Mali et la France. On ne sait pour l’heure quel format prendra une éventuelle aide de la Turquie au Mali. Mais il est certain que cet appel de Bamako à Ankara ne fera pas des heureux au palais Élyséen. Ce sera moins le cas pour Moscou qui reprend du poil de la bête au Mali. 

Opposés en Libye 

Même s’ils soutiennent deux camps différents en Libye, la Turquie et la Russie pourraient bien se tolérer surtout qu’ils seront appelés à combattre le même ennemi : les groupes armés terroristes.  

En Libye, Moscou a pris le parti du maréchal Khalifa Haftar dans sa tentative de reprendre la capitale Tripoli aux mains du gouvernement de l’Ouest. À cet effet, les services de Wagner auraient été sollicités. L’international russe de la sécurité privée y compterait 1200 éléments, selon les Nations-Unies citées par TV5 Monde. C’est le plus gros effectif de cette compagnie de sécurité privée en Afrique.

Le soutien que la Russie a apporté au maréchal Khalifa Haftar et à ses troupes n’a pas permis au gouvernement de l’Est de reprendre Tripoli. Le gouvernement de l’Ouest reconnu par les Nations-Unies a compté sur l’appui de la Turquie pour repousser les assauts de l’Est. 

Ce, en dépit des réprobations des puissances occidentales comme la France. Ankara avait répondu que Paris faisait le jeu de la Russie.  

Malgré ces critiques, le président turc a vanté l’implication de son pays dans le conflit libyen à l’occasion de la cérémonie de remise de diplômes de l’Université de la Défense nationale à Istanbul. Selon Erdogan, « notre succès en Libye a permis un rabattage des cartes en Méditerranée ».

L’Offensive de la Turquie en Afrique

Comme la Russie, la Turquie est déjà dans une logique de prendre part au futur du continent africain. « L’évolution diplomatique turque va de pair avec l’accroissement des relations commerciales et des investissements directs à l’étranger sur le continent africain », étudie le rapport de l’Institut de géopolitique appliquée intitulé « L’influence de la Turquie en Afrique » publié en novembre 2020. 

Le même document lu à Dakaractu ajoute : « lors de chaque tournée africaine, le président turc est accompagné de ses ministres aux portefeuilles clés et en profite pour signer des accords de coopération et commerciale – conclus en tout avec quarante-cinq pays africains ». 

Selon la même étude, les échanges commerciaux ont été multipliés par six en quinze (15) ans, de 3 milliards de dollars en 2003 à 17,5 milliards en 2017 avec l’objectif d’atteindre les 100 milliards d’ici 2022. 

L’assistance militaire au nom de la solidarité musulmane 

L’assistance militaire au nom de la « solidarité musulmane » est aussi un autre levier sur lequel s’appuie la Turquie pour se déployer sur le continent. C’est dans ce cadre que Ankara a eu à intervenir en Libye. déjà en 2017, rapporte lepoint.fr, Ankara installe une base militaire à Mogadiscio pour former à terme 10 000 soldats somaliens. Le but : combattre les « Shebabs » affiliés à Al Qaïda.

Au Sahel, la Turquie apporte une contribution de 5 millions de dollars au G5 Sahel et gagne des marchés d’armement dans certains pays. C’est ainsi que la société turque ASFAT a fourni 4 drones de déminage AEMATT. Une première pour la société turque, souligne le site air-cosmos.com  visité à Dakaractu. 

Le même site fait état de la signature d’un accord avec Niamey pour la formation des soldats nigériens par l’armée turque aux fins d’aider le pays à se défendre contre Boko Haram. Il sera aussi question d’une « aide logistique pour sécuriser les frontières avec le Mali et le Burkina Faso ». Au Sénégal, « l’armée a reçu un important lot de matériel militaire de la part de la Turquie dans le cadre de la coopération militaire entre les deux pays », rapporte un article de l’agence anadolu du 16 décembre 2020.

Dans le secteur de l’armement, la Turquie a fait un grand bond en avant. Le rapport 2020 de Stockholm International Peace Research Institute révèle que de 2016 à 2020, Ankara a augmenté ses exportations d’armes de 33% tout en diminuant ses importations de 59%.

→ A LIRE AUSSI : Thierno Bocoum soutient Dmedia : « L’injustice et l’intimidation ne feront que noircir davantage deux mandats successifs de violation… »

→ A LIRE AUSSI : Inhumation : Cheikh Niass repose désormais au cimetière musulman de Cambérène.

→ A LIRE AUSSI : Sénégal : Le supercalculateur qui sert à simuler dans les industriels, les phénomènes climatiques ou l’évolution d’une situation sanitaire, toujours pas fonctionnel.

pub