Contribution : « Sauver ce qui reste de la démocratie ! » (Par Alioune Tine)

Grand bâtisseur, mais un PR qui n’hésitera pas à user, sans modération et sans limite, du pouvoir présidentiel exacerbé et de sa majorité pour combattre ses opposants. Le PR @Macky_Sall, en sacrifiant au rituel de l’inventaire de ses 12 ans de règne à la tête du Sénégal, a fait émerger cette figure politique ambiguë qu’il a toutes les peines du monde à dissimuler.

Cet inventaire a dévoilé dans son discours dramatisé qui sied dans de telles circonstances, les moments euphoriques de la construction des infrastructures qui ont modernisé le pays, ses efforts pour atténuer les fractures sociales et territoriales, il est satisfait de laisser un état intact suite aux tragiques violences politiques de 2021 et de 2023 qui l’ont durement affecté et c’est manifeste dans son discours.

Ses adieux émouvants, avec des passages où il réaffirme avec sincérité son amour pour le pays, montrent également ses limites, ses dilemmes profonds et ses paradoxes apparents.

Ici c’est l’hybridité de la figure du Chef de l’État et du Chef de Parti qui brouille sa conception de l’État, un état partisan, une administration partisane, qui a fait montre d’une banale servilité par rapport aux ordres du chef, même si ses ordres sont illégaux, même s’ils violent l’État de droit et les Droits humains. On ne pèse pas souvent les conséquences politiques et sociales de ses violences symboliques, de ses injustices et de ses banales indignités  sur le contexte de défiance généralisée sur les colères et les ressentiments sur le sentiment d’un État qui fonctionne sur la base de Kumba am ndèye et Kumba amul ndèye.

En quoi l’élimination de Karim et de Khalifa en 2019 a pu impacter sur le processus présidentiel de 2024 ? Ne peut-on pas expliquer l’effet Sonko avec ses mythes, et l’imaginaire qu’il charrie par ce qui est perçu comme un acharnement judiciaire, visant à l’éliminer lui aussi ?

Autre paradoxe c’est la capacité, la patience et l’intelligence au service de la paix en Casamance, avec comme cerise sur le gâteau la cérémonie d’incinération des armes. Il faut filer cette métaphore et incinérer les armes politiques ! Pour cela le PR @Macky_Sall , s’il veut léguer un Sénégal de stabilité apaisé, sécurisé, doit absolument se faire violence, faire preuve de dépassement par un acte absolu de sublimation pour pardonner, réconcilier le Sénégal avec la démocratie, l’État de droit et les Droits humains.

Quand le PR @Macky_Sall affirme vouloir organiser une Présidentielle apaisée et transparente, il faut le prendre au mot. Il faut que l’Administration soit impartiale et ne donne pas l’impression d’être un appendice de la majorité présidentielle. Elle doit respecter les décisions de justice. Réconcilier les Sénégalais, qui n’ont jamais été aussi divisés, c’est dialoguer comme en Casamance ! On a réussi avec le MFDC parce qu’il n’y a pas d’enjeu de pouvoir. Il nous faut repenser les effets pervers que des enjeux de pouvoir et de es ressources sur notre vivre ensemble, notre capacité à coexister pacifiquement, à faire Nation.

Dialoguer est indispensable pour construire un pacte républicain consolidé, qui garantisse notre stabilité, dialoguer pour que tous les citoyens se sentent représentés et votent librement pour le candidat de leur choix ; enfin laisser librement s’exprimer la souveraineté du Peuple. Réconcilier les Sénégalais passe par dialoguer avec Sonko et les autres candidats, pour dégager un consensus fort et aller vers une Présidentielle apaisée et crédible. Cela passe bien sûr par une investigation sans complaisance des violences politiques, sur les morts et dégager les responsabilités de chaque partie. Ça passe par la libération de Sonko et de toutes les personnes détenues pour avoir exprimé leur opinion.

PR Macky Sall, avec votre projet de Fondation, vous allez figurer dans le cercle vertueux des constructeurs de la paix, dans le même camp que nous. Démarrez votre action maintenant au Sénégal, faites nous palabrer, guérissez-nous de la haine et faites qu’on soit uni et fort !

Alioune Tine,

Président-fondateur d’AfrikaJom Center

Alioune Tine sur le cas de Sonko: « À quoi sert la justice… »

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