Harare – Recours à une caravane aménagée : Là où les mariés pressés ne se prennent pas la tête

C’est le “Las Vegas“ local pour les amoureux pressés de se marier ou les couples de longue date, épousés selon la tradition mais pas encore devant le maire : une caravane kaki les attend tout juste à la devanture du Palais de Justice de Harare – Capitale du Zimbabwe –.

Dans ce pays d’Afrique australe – plongé, depuis des années, dans une profonde crise économique – Daphne SIWARDI, visage encadré de courts dreadlocks, mène cette opération florissante destinée à « rendre les femmes plus jolies le jour-J ».

« Jeunes ou plus âgées, elles viennent toutes ici… », se réjouit cette élégante de 37 ans, « en redingote vert forêt sur robe bordeaux », déclare Daphné.

Depuis plus de dix (10) ans, elle tient cette boutique de location de robes de mariées dans sa camionnette rouillée à toit blanc, offrant aux fiancées dans le besoin des robes blanches à dentelles mais aussi bouquets, décorations et services rapides de maquillage et coiffure.

« Jusqu’à six clientes passent chaque matin, pour se préparer avant d’accompagner leur futur époux au Tribunal », a–t–elle également expliqué, en passant en revue une rangée de robes blanches suspendues à une tringle.

La plupart d’entre elles viennent avant le grand jour pour choisir une robe, la faire laver et l’ajuster. Les robes viennent toutes de Chine.

La belle-famille

« La plus demandée est longue, ornée de strass. Elle ne dévoile pas grand-chose et permet d’éviter les regards désobligeants de la belle-famille », a renchéri la commerçante.

Gloria MUTERO – 45 ans – s’est unie à son mari lors d’une cérémonie traditionnelle il y a onze ans. Elle veut aujourd’hui régulariser sa situation au civil, pour des raisons patrimoniales ; mais, sans y laisser une fortune.

Pas la peine de se ruiner pour une tenue qu’elle va porter « trois ou quatre heures », dit la mère de famille pragmatique. « J’aime bien celle-là », a–t–elle poursuivi….

« Elle fait l’affaire et son prix est correct. »

« Si je négocie serré, elles me la feront peut-être à 50 dollars », tente d’un sourire joueur cette femme ronde, en regardant vers la patronne et ses assistantes.

La caravane de Daphné SIWARDI est l’une de trois, garées au parking en terre battue sur le côté du Palais de Justice – à proximité de quelques arbres, qui offrent les mêmes services express aux mariées –.

A l’intérieur, à côté des fleurs et des tenues, un petit lit et un bureau en bois servent de coin maquillage et coiffure.

Veuve et ancienne enseignante, Daphné SIWARDI, large sourire, exerce ce métier depuis quinze ans.

« Un vrai coup de cœur ! »

Ses clientes ont vite fait de faire d’elle leur confidente, surtout « celles qui sont pressées ».

« Parfois elles m’appellent un mois plus tard. Pour me dire +Je veux déjà divorcer+ », a–t–elle laissé entendre dans un grand éclat de rire.