France 24 au Sénégal : Cette fois-ci, il y a de l’eau dans le gaz !

C’est sans doute l’un des scénarios les moins attendus au Sénégal, en cette fin de règne du Président–sortant, Son Excellence Macky Sall.

 

A cet effet, de là à voir le Gouvernement faire une sortie publique contre France 24, pour “ diffusion tendancieuse d’une information “, est sans doute la dernière chose à laquelle l’opinion s’attendait. Et pourtant, c’est ce qui est bien arrivé ! Ainsi, via communiqué daté de ce 08 Juillet, le ministre de la Communication a ouvertement accusé la chaîne française d’en être “ non pas à son coup d’essai, mais coutumier des faits “.

« Ce traitement sans éthique, sans équilibre, tendancieux et subversif de l’information sur le Sénégal est manifeste à l’analyse de leurs bulletins, émissions, interviews et écrits diffusés en boucle sur la chaîne. (…) Cette manière insidieuse de couvrir l’actualité au Sénégal a été remarquée lors des manifestations violentes du mois de Juin 2023, allant jusqu’à tenter de décrédibiliser la communication de la Police sénégalaise ».

Le Sénégal a certes déjà expulsé un correspondant d’un média français du temps de Me Wade, mais sous l’ère “Macky Sall“, une telle réaction était plutôt attendue du côté du Mali ou du Burkina. Pourtant cette menace vient bel et bien du  Sénégal. Ce Gouvernement, qui a déjà coupé le signal de deux télévisions privées sénégalaises – Ndlr : Walf TV et Sen TV – met en garde France 24 et exige de la chaîne qu’elle rétablisse la vérité.

Décidément, la boule médiatique a tourné ! Il y a un peu plus d’un an, c’est l’opposition sénégalaise – Pastef-Les Patriotes en l’occurrence – qui avait cette même attitude. Ousmane Sonko et Cie ont toujours voué aux gémonies les médias occidentaux, les supports français en particulier. Sonko avait promis de ne pas rester dans une conférence de presse où il y aura “Le Monde“, “Le Monde diplomatique“ ou “RFI“. Ces médias, dans une coïncidence troublante, avaient tous donné la parole à Adji Sarr, livrant des détails sordides sur les “supposés viols“, pour lesquels l’ex–masseuse du “Sweet Beauty Spa“ avait porté de graves accusations sur l’homme politique.

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Pendant ce temps, Macky Sall accordait les exclusivités aux médias français : presse écrite, radio, télévision ! Chaque support était servi, au gré de ses déplacements en France ou ailleurs, parfois au Palais de la République du Sénégal. A l’époque, “France 24“, qui donnait essentiellement la parole au Chef de l’État, était un média équilibré aux yeux du Gouvernement et de la majorité au pouvoir.

Toutefois, de l’avis de Sonko et Cie, “ cette télévision française symbolisait le néocolonialisme, la manipulation, la désinformation “. Mais cette perception semble de l’histoire ancienne, à tout point de vue. Pas plus tard qu’en Janvier 2023, sur RFI, Ousmane Sonko déclarait ceci :

« Nous n’avons rien contre la France », précisant qu’il est opposé aux intérêts sans partage de l’Occident, mais preneur pour un partenariat gagnant–gagnant. Depuis lors, les choses paraissent au beau fixe et il multiplie les interviews sur “France 24“ et sur d’autres supports médiatiques français, reçoit une envoyée spéciale de l’Elysée, bénéficie d’un soutien de tel Parti politique. Bref, un “rapprochement avec Paris“, qui finit par agacer le Gouvernement en place.

Jadis logés à la même enseigne que la Presse sénégalaise (fake news, supports de propagande), les médias français sont maintenant portés au pinacle par l’opposition depuis les évènements de Juin 2023, notamment à la suite des enquêtes réalisées sur ces “forces occultes“ qui opèrent à côté de la Police et de la gendarmerie nationale.

Aujourd’hui, du côté de Pastef-Les Patriotes, « ce sont les médias occidentaux qui sont les chantres de l’équilibre, de l’information juste et vraie, alors que la Presse sénégalaise est accusée d’être à la solde de Macky Sall. »

D’un camp à l’autre, on jubile ou rumine sa colère…, en attendant que la boule médiatique tourne encore une nouvelle fois !