PROMESSES NON TENUES, JUSTICE A DEUX VITESSES … : MACKY SALL, UN REVIREMENT À 380 DEGRÉS

Si d’aucuns encensent Macky Sall à travers ses réalisations depuis qu’il est aux affaires ; d’autres par contre le tancent ouvertement pour sa gouvernance  » sombre » et  » désastreuse  » pour ne pas dire  » sobre et vertueuse « . Déçu, c’est le mot le plus usité par la classe politique et les populations dans leur ensemble. Dès son accession à la magistrature suprême, le Président Macky Sall a déterré la hache de guerre en soldant ses comptes avec ses adversaires politiques. Sous ce rapport, les deux  » K  » (Karim et Khalifa) ne diront pas le contraire. Ils ont été tous deux condamnés par dame justice. Leurs partisans respectifs avaient dès lors dénoncé un acharnement qui a pour objectif de casser des opposants. Macky himself a eu la maladresse de dire dans une de ses sorties qu’il allait  » réduire l’opposition à sa plus simple expression « . Une chose qu’il a réussi tant bien que mal.

MANIPULATION DE LA JUSTICE

Parler d’une justice indépendante sous le magistère de l’actuel locataire du palais de la République est une chimère. Le pouvoir absolu, disait Hegel, rend absolument fou. La justice est devenue le bras armé du Chef de l’État. L’existence d’hommes forts en Afrique dans les régimes présidentialistes ont fini par réduire les institutions à l’image de celui qui dirige l’État. Le Sénégal n’échappe donc pas à cette généralité africaine. Le candidat Macky Sall qui avait vendu un projet d’une gestion sobre et vertueuse est subitement devenu méconnaissable au contact du pouvoir. Arrivé au pouvoir le président de la République avait pris la ferme décision de procéder à une reddition des comptes sur la gestion du régime de Wade. Selon lui, c’était une demande sociale. Seulement la tournure des évènements laisse croire qu’il a voulu régler des comptes avec ses anciens collaborateurs (Ndlr, les Wade). Mieux, la mise en place de la Cour de répression de l’enrichissement illicite a été comme une épée Damoclès pour faire rallier les caciques du pouvoir sortant sous peine d’être audités. A son arrivée au pouvoir, Macky l’heureux élu crée donc l’OFNAC et dépoussière la loi de la CREI pour réprimer les délinquants financiers.  » L’OFNAC c’est pour nous et la CREI pour ceux qui étaient là. Je ne protégerai personne  » déclarait-il. Cette fameuse phrase devenue une rengaine n’était rien qu’un slogan comme parmi tant d’autres.

TRAFIC DE PASSEPORTS DIPLOMATIQUES ET FAUX BILLETS DE BOUGHAZELLI

L’affaire des passeports diplomatiques incriminant deux députés de la mouvance présidentielle est venue conforter les Sénégalais dans leur opinion comme quoi on fait face à une justice aux ordres. Du deux poids, deux mesures, c’est ce à quoi on assiste sous l’ère Macky Sall. Le député de la 13ème législature Seydina Fall dit Boughazelli empêtré dans affaire de trafics faux billets aura bénéficié d’une liberté provisoire après un court séjour carcéral. Il est libre de tout mouvement. Au même moment, les rappeurs et activistes Simon Kouka et Kilifa croupissent en prison en attendant d’être fixés sur leur sort. Pour rappel, lors de son discours traditionnel à l’occasion de la fin d’année le 31 décembre 2020, le Président avait soutenu mettre le coude sur certains dossiers puisqu’il reste le chef du maître des poursuites. Des propos qui ont soulevé l’ire des membres de l’opposition. Une déclaration qui montre à suffisance les raisons pour lesquelles certains dossiers sont tout simplement rangés dans les tiroirs et laissés aux oubliettes. Espérons que les députés répondent de leurs actes, d’autant que le ministre de la Justice face à la pression sociale avait instruit au président de l’Assemblée d’enclencher la procédure de levée de l’immunité parlementaire des parlementaires mis en cause dans cette affaire de trafics de visas diplomatiques.

LA QUESTION DU 3ÈME MANDAT

S’agissant de la question du 3ème mandat, le président de la République tient tout un peuple en haleine. Si certains constitutionnalistes lui balisent le terrain, d’autres par contre réfutent la thèse que le locataire du palais puisse avoir les coudées franches pour briguer un 3ème mandat. Il y a quelques mois, l’opposition sénégalaise était dans la rue à Dakar. C’était à la faveur du 10ème anniversaire du Mouvement du 23 juin 2011. Contestation qui avait permis le retrait par l’ex-président Abdoulaye Wade, d’un projet de révision de la constitution qui devait lui ouvrir la voie à un troisième mandat. Pour mémoire, ces contestations visaient son successeur Macky Sall, accusé de vouloir se présenter à la présidentielle de 2024 au terme de son second mandat. Le président sénégalais entretenait encore le flou sur ses intentions réelles à trois ans de cette échéance. Quelques milliers de personnes s’étaient réunies dans le quartier de Grand Yoff, à l’appel du Mouvement de défense de la démocratie (M2D), collectif militant soutenant l’opposant Ousmane Sonko.  » Dix ans après, nous sommes toujours fermement opposés à ce qu’on viole la Constitution. Macky Sall n’a pas droit à un troisième mandat. Il doit partir « , avait déclaré le syndicaliste de l’enseignement Dame Mbodj. Des rassemblements qui sont intervenus trois mois après les troubles consécutifs à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko à la suite de sa mise en cause pour viols présumés et qui ont coûté la vie à une douzaine de personnes. L’opposant accuse l’actuel président d’avoir ourdi un complot pour l’éliminer de la course à la présidentielle. Des accusations rejetées par le pouvoir.