23 Juin 2011–23 juin 2022 : 11 ans après un soulèvement populaire historique

23 Juin

11 ans jour pour jour le Sénégal se souvient de la date du 23 juin d’où un soulèvement populaire a été noté sur l’étendue du territoire, pour dire non à la présentation d’un troisième mandat et  la loi du quart bloquant que le Président d’alors Abdoulaye Wade avait proposé à l’Assemblée nationale.

Il est de ces histoires qui engendrent souvent d’autres histoires. Et l’on ne peut comprendre la marche d’un pays en ignorant les étapes indélébiles qui, à un moment donné, ont pesé dans son évolution. Le Sénégal vit des moments incertains, il faut bien le reconnaître, avec une tension politique évidente. Mais il faudra bien se garder des formules ou formulation d’usage «sans précédent», «unique», «inédit»… Parce qu’à rouvrir les pages du passé, l’on se rend compte qu’on n’est pas loin de cette actualité chaude.

Le 23 juin, c’était un jeudi noir en 2011. Ce 23 juin est aussi un jeudi tout court. La date et le mois, mais surtout la charge de ce repère, suffisent à ne pas préciser l’année. Mais 2011, ressemble bien à 2021 et 2022. A certains égards, ce 23 juin 2022 sera célébré, chacun à sa manière. Apparemment, l’ambiance n’est pas à la fête, aussi bien dans la majorité que dans l’opposition. Et pourtant, ces dernières années, l’on a assisté à des célébrations parallèles, sur fond de guerre arithmétique des mobilisations. Il est, en revanche, clair que le 23 juin a, même si la date reste historique, quelque peu perdu de sa superbe.

En effet, les acteurs politiques et de la Société civile, au sens général du terme, ont changé de camp, de veste aussi. La classe politique et les activistes se sont renouvelés. La preuve que tout est question de contexte et d’animateurs. Mais on ne peut non plus occulter justement le fait que d’autres événements, autant ou plus important, ont effacé le 23 juin. 10 ans après, mars 2021 est entré dans le calendrier politique comme le 23 juin 2011. Mois symbolique qui a mis le pays -et le régime en place- sens dessus dessous. Si une tentative de révision constitutionnelle avait failli emporter Abdoulaye Wade avant l’heure… de la présidentielle, la terre a tremblé-Macky Sall aussi- avec cette histoire de viol présumé ayant abouti à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko.

Ce 23 juin 2011, un jeudi… moins noir que ce mars 2021 qui a occasionné 13 morts, les manifestants devant l’Assemblée nationale contre un projet de loi portant instauration d’un ticket Président/Vice-président avaient failli marcher sur le palais. Le feu, comme celui qui se propageait sur les toits de la bâtisse de la Place Soweto, est vite éteint. Mais pas la flamme pour le départ du prédécesseur de Macky Sall.

M23 et M2D

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Le 23 juin a été poussé par un contexte favorable à la fragilisation du pouvoir politique. Une révolution «loin d’être spontanée», comme en témoignent les acteurs dans un ouvrage collectif intitulé «M23, chronique d’une révolution citoyenne» paru aux Editions de la Brousse en 2014. Pour le comprendre, il faut remonter aux premiers cris de ce bébé. Dans la partie «Naissance et évolution d’un mouvement révolutionnaire citoyen au 3e millénaire», Alla Dieng et Mamadou Mbodj expliquent cette longue gésine avant la naissance du M23.

C’est d’abord des organisations syndicales et de la Société civile qui ont porté la Casc (Cadre de concertation et d’action de la Société civile) en guise de casque de protection, comme elles le soulignent elles-mêmes. Et c’était déjà le 4 mai 2010, un an avant le 23 juin. Il était question de combattre les lois scélérates, l’impunité, la mal–gouvernance, entre autres. Chemin faisant, vient l’adoption, en Conseil des ministres, du projet de loi n° 13-2011 portant ticket Président/Vice-président éligible en un tour par 25% seulement des suffrages exprimés, le 16 juin 2011. Un texte qui conforte le Casc, renforcé par d’autres structures. C’est le compte à rebours pour barrer la route à un projet envoyé en procédure d’urgence. Le Mouvement des forces vives de la Nation (M23) est né à la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) dirigée à l’époque par Alioune Tine.

Un sur-place démocratique

Une mobilisation continue qui commençait à déranger le pouvoir de Wade, qui n’a pris la mesure de la détermination des acteurs qu’après les résolutions de Daniel Brotier, le 22 juin. Les arrestations des membres de Y’en a marre et les violences qu’ils ont subies ont lancé les hostilités qui ont poussé Wade à finalement «autoriser à la fois les manifestations ‘pour’ (celles des militants du parti au pouvoir) et celles ‘contre’ contestant le projet de loi». Les manifestations et contre–manifestations de Yewwi Askan Wi aujourd’hui et de Benno Bokk Yaakaar aujourd’hui sont révélatrices du sur–place démocratique. Le M2D (Mouvement pour la défense de la démocratie), né aussitôt après l’arrestation de Sonko, a pourtant épousé quelques principes du Mouvement du 23 juin. Mais l’enchaînement des événements en a fait un mort–né.

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